"On lutte contre les préjugés" : TypiK’AtypiK et la journée nationale de sensibilisation au TDAH
Ce mercredi 12 juin 2024, c'est la quatrième journée nationale de sensibilisation aux troubles du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité, plus connue sous le nom de TDAH.
Virginie Bouslama, présidente de l'association alsacienne TypiK’AtypiK.
Le but de l'association TypiK’AtypiK : informer, former et sensibiliser sur le haut potentiel et les troubles du neurodéveloppement.
Le TDAH touche 2 millions de personnes en France. Concrètement, c'est quoi ?
C'est un vaste sujet, mais on va essayer d'être le plus précis possible. C'est un trouble du neurodéveloppement, comme vous l'avez expliqué. On naît avec ça n'apparaît pas comme par magie. On naît avec, on vit avec et puis on meurt avec. Bien évidemment, il évolue dans le temps. Il peut y avoir des manifestations qui s'améliorent, d'autres qui finalement demeurent. En tout cas, ce fameux trouble regroupe plusieurs symptômes, comme son nom l'indique, l'hyperactivité, l'attention qui est plutôt dérégulée. Ce n'est pas forcément un déficit d'attention, c'est plutôt vraiment une attention dérégulée. Il y a l'impulsivité aussi qui n'apparaît pas dans l'acronyme, mais qui est bien présente, qui pose souvent quand même difficulté. Et puis, il y a quand même un quatrième symptôme maintenant qui est mis en avant et qui est majeur dans le trouble, c'est la dérégulation émotionnelle. Donc cette fluctuation des émotions, ça monte, ça descend. En l'espace de quelques secondes. On peut passer d'un état euphorique à en larmes, une crise, une colère, etc. Donc c'est vraiment la base, en tout cas, de ce trouble.
5% des enfants scolarisés sont touchés. Comment, dans le cadre scolaire, concrètement, ça se manifeste et peut-être, quel problème ça va engendrer ?
Ça se manifeste en général, d'une manière assez visible, j'ai envie de dire. Il faut distinguer le trouble chez les garçons et chez les filles, puisque chez les petits garçons, souvent, c'est beaucoup plus visible. Ça se voit tout de suite, ils bougent, ils remuent. L'hyperactivité est plutôt motrice, j'ai envie de dire, parce que ça aussi, il faut distinguer les deux. On peut avoir une hyperactivité motrice ou une hyperactivité cérébrale, ou les deux d'ailleurs. Les petites filles, ce sera plus internalisé. Elles, elles seront plutôt dans les nuages, dans la lune. Le trouble se manifestera plus par le biais de cette attention qui sera fluctuante. Et puis, encore une fois, on aura l'impression que les petites filles sont absentes. Et puis souvent, et ça, on le sait, les petites filles ont tendance à être plus caméléon. Ça rue moins dans les brancardes, en tout cas. Et puis, en cours, à l'école, dans le système scolaire, ça pose problème puisque quand ça bouge trop, quand ça remue trop, quand l'enfant n'est pas focus, n'est pas concentré, clairement, c'est problématique. L'école est une microsociété, c'est un cadre. Et puis, il y a des règles à respecter. Et c'est vrai que pour ces enfants-là, c'est quand même très souvent compliqué parce que ça déborde, parce que ça part dans tous les sens, parce qu'ils ne sont pas attentifs, parce qu'ils n'arrivent pas à attendre leur tour avant de répondre, ils ne lèvent pas le doigt, ils gigotent, ils remuent. C'est souvent très compliqué à l'école. Et puis, ça a un impact, forcément, sur les apprentissages.
Est-ce que votre association intervient auprès des écoles pour essayer de trouver des solutions ?
Complètement. On intervient, c'est un grand mot. La plus grosse difficulté qu'on a aujourd'hui, justement, c'est de pouvoir travailler en collaboration vraiment avec le système scolaire. L'éducation nationale reste quand même un domaine très fermé. C'est une réalité, des fois une triste réalité, mais on a des entrées quand même dans certains secteurs. Et puis on a aussi au sein de l'association, on a des enseignantes, des enseignantes référentes. On a notamment Fanny qui s'occupe de l'antenne de Sarrebourg du 57 qui elle-même est enseignante spécialisée. Et puis moi, pareil, dans le Bas-Rhin, j'ai des enseignantes qui font partie de l'association. On essaye vraiment de porter la voie du TDH, d'informer, de communiquer, de sensibiliser. Il y en qui sont plus ouverts que d'autres, mais en tout cas, on a des entrées et on essaye d'entrer de plus en plus dans l'éducation nationale et puis d'intervenir là où on peut intervenir. Je dis toujours, on essaye de répondre au mieux à toutes les sollicitations, mais en tout cas, on a déjà fait des interventions dans des écoles primaires, dans des collèges. À la rentrée, normalement, il y aura l'une ou l'autre intervention dans des lycées, mais encore une fois, après, c'est très dépendant de la personne.
Le TDAH, c'est vrai qu'on a tendance à parler d'épidémie fourre-tout, de problèmes d'éducation. Ce sont des stéréotypes qui persistent. Votre rôle aujourd'hui, c'est de dire : non, c'est un vrai trouble, c'est une vraie maladie, et reconnue d'ailleurs ?
Complètement. On lutte vraiment contre les préjugés, les fausses croyances et toutes ces choses qui sont colportées. Le TDAH existe bel et bien, ce n'est pas une invention, notamment ce qu'on peut entendre des laboratoires pharmaceutiques pour vendre le traitement pour le TDAH, ça n'est pas vrai. Ce ne sont pas non plus, comme on l'entend souvent, des sales gosses mal élevés, mal polis ou une défaillance éducative des parents, surtout de la maman. Ça, c'est archi faux. C'est un vrai trouble, encore une fois, qui est reconnu aujourd'hui comme un handicap, notamment depuis la loi du 11 février 2005. Donc, à ce titre, les personnes concernées ou les parents de ces enfants peuvent faire une demande auprès de la Maison Départementale du Handicap. S'il y a besoin d'aide pour l'enfant, je ne sais pas, d'aide humaine avec une AESH, d'aide informatique avec du matériel adapté, ça peut être aussi une aide financière pour payer l'essuie. Mais le trouble existe bel et bien et nous, notre mission, vraiment, notre cheval de bataille, c'est encore une fois informer, communiquer, sensibiliser pour faire tomber un peu ces fausses croyances et puis les tabous autour de ce sujet. Parce que c'est très stigmatisant et souvent très maltraitant.