Deux millions de personnes souffrent de dénutrition en France, les hôpitaux de Sarreguemines sensibilisent sur cette maladie silencieuse
Du 12 au 19 novembre, c’est la semaine nationale de la dénutrition. Pour l’occasion, les hôpitaux de Sarreguemines mettent en place plusieurs ateliers pour les patients mais aussi pour le public. On en parlait ce matin avec notre invitée dans le Grand Réveil.
Son N°1 - Deux millions de personnes souffrent de dénutrition en France, les hôpitaux de Sarreguemines sensibilisent sur cette maladie silencieuse
Johanna JUNG – Diététicienne au centre hospitalier spécialisé de Sarreguemines
C’est quoi la dénutrition ? Comment ça se caractérise ?
La dénutrition c’est une maladie dite silencieuse, c’est pour ça qu’elle va toucher autant de personnes, environ 2 millions en France. On va avoir 30% de ces personnes qui vont être hospitalisées et les populations les plus à risque ça va notamment être les personnes âgées ou encore les personnes atteintes d’un cancer. La dénutrition ça correspond à un déséquilibre entre les apports alimentaires et les besoins du corps, c’est-à-dire que le corps ne reçoit pas assez par rapport à ses besoins et ça va se traduire par une perte de poids, de masse ou de force musculaire qui va fragiliser notre état de santé.
Quels sont les risques liés à la dénutrition ?
Comme ça peut entraîner une perte de masse ou de force musculaire, on aura une augmentation du risque de chute, une perte de la mobilité également. On va aussi augmenter le risque infectieux parce que notre immunité va être moins efficace donc une moins bonne cicatrisation avec un risque d’escarre plus élevé ou on pourra voir un allongement de la durée d’hospitalisation, un allongement de la durée de récupération et pour les personnes atteintes de maladies chroniques ça peut aussi aggraver leurs pathologies.
Comment peut-on savoir qu’on souffre de dénutrition ?
Le premier signe qui peut alerter la personne ou même l’entourage ça va être la perte de poids qui sera souvent liée à une perte d’appétit. On dit qu’à partir du moment où une personne perd plus de 3kg de façon non-volontaire ça doit déjà alerter et ça on va souvent le voir par le biais des vêtements qui vont devenir trop grands, les bagues qui vont flotter au niveau des doigts ou bien le dentier qui ne sera plus adapté parce qu’il devient trop grand suite à la perte de poids de la personne.
On parle sans arrêt du fait que nous sommes de plus en plus gros, notamment les jeunes de plus en plus en surpoids, est-ce que dans ce contexte, c’est « tabou » de se préoccuper d’une perte de poids ?
C’est vrai que le surpoids et l’obésité sont des enjeux majeurs de santé publique parce qu’ils vont toucher une population encore plus importante, presqu’une personne sur deux en France est concernée. C’est une fausse idée reçue de se dire qu’on ne peut pas être en surpoids ou en obésité et dénutrie en même temps. Comme on va avoir une fonte musculaire, même si on est en surpoids ou en obésité, il va falloir quand même essayer de venir corriger le problème. Il y a des idées reçues, même dans le monde médical, la personne a des réserves donc ce n’est pas grave si elle perd du poids, non, même si on est en surpoids ou en obésité, c’est important de veiller à ce que la personne ne perde pas de poids involontairement et si elle veut en perdre ça doit être de façon saine avec une couverture des besoins protéiques, des besoins caloriques.
Comment ça se soigne ?
Pour prévenir un état de dénutrition un des réflexes à adopter ça va être déjà de peser régulièrement les personnes à risque. On va avoir trois points importants qui vont participer à la prévention. D'abord avoir une alimentation saine et équilibrée adaptée à ses besoins. Si on est dénutri, on va avoir un enrichissement de l’alimentation en protéine ou en calories en fonction des besoins. Un autre point essentiel ça va être d’avoir une activité physique adaptée à son état de santé et quotidienne pour préserver sa masse musculaire et éviter une fonte musculaire. Le dernier point qui est important ça va être d’avoir une bonne hygiène bucco-dentaire.
Vous organisez des actions de sensibilisation. Ça commence demain à l’hôpital Robert Pax puis le 19 novembre au CHS, quel est le programme ?
Cette semaine différentes actions vont être menées. De manière plus ciblée, on aura à Robert Pax, un prestataire qui va faire le tour des services de soins pour faire découvrir des recettes enrichies. On aura aussi les kinés qui vont organiser une séance d’activité physique adaptée en hôpital de jour. Du côté du CHS, on aura une journée de sensibilisation dans notre Ehpad Les Myosotis avec le matin l’intervention des kinés pour une initiation d’activité physique adaptée aux résidents et l’après-midi, on fera un atelier cuisine avec eux où on va préparer une recette de pancake et tiramisu enrichis pour faire découvrir comment utiliser de façon plus ludique les compléments nutritionnels oraux. De façon plus large, on aura deux après-midis qui sont ouvertes à tous, demain, le mercredi 13 dans le hall de l’hôpital Robert Pax et la semaine prochaine dans le hall du centre social du CHS. On aura différents stands de sensibilisation avec la découverte des différents compléments nutritionnels, des recettes enrichies à déguster, des cakes, smoothies, milk-shakes, la découverte de comment enrichir son alimentation en protéines animales et en protéines végétales avec des fiches idées recettes, des petits quizz pour contrer les idées reçues sur la dénutrition et différentes brochures, dépliants, flyers. Pour ces deux journées, on aura également la ligue contre le cancer, nos moniteurs en activité physique adaptée ainsi que des représentants du dispositif Prescri’Mouv, un dispositif régional de prescription d’activité physique pour permettre de faire le lien hôpital/ville et de continuer à mettre en place de l’activité même à l’extérieur.