Les agriculteurs allument des feux pour alerter le gouvernement sur leur situation
Les agriculteurs mosellans ont répondu à l'appel de la FNSEA hier soir. Des feux ont été allumés aux 4 coins du département vers 19h30 pour montrer un ras-le-bol généralisé et dénoncer l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur. A Sarrebourg, ils étaient une quarantaine au rond-point des terrasses. A Woelfling-lès-Sarreguemines, une vingtaine d’agriculteurs ont allumé un feu. A Farébersviller, les agriculteurs en colère ont déversé de la paille et des branches au niveau du rond-point de l’A4. On en parlait ce matin avec notre invité dans le Grand Réveil.
Son N°1 - Les agriculteurs allument des feux pour alerter le gouvernement sur leur situation
Julien VIVILLE - président des Jeunes Agriculteurs de Moselle
Que s’est-il passé hier sur le territoire ? Les agriculteurs ont-ils été nombreux au rendez-vous ?
Bien évidemment. Sur 11 points en Moselle, des feux de la colère ont été allumés hier soir avec environ une cinquantaine de personnes sur chaque point mobilisé donc entre 500 et 600 personnes mobilisées hier soir. Ça a créé quelques difficultés sur certains axes.
En Moselle, les JA ont déjà mené des actions ces derniers jours, est-ce qu’on doit s’attendre à d’autres mobilisations dans les jours, semaines, mois à venir ?
On reste bien évidemment mobilisés. Hier, nous sommes sortis sur le sujet principal qui était l’accord avec le Mercosur qui est en discussion au G20 à Rio et d’autres sujets notamment qui relatent plus des mobilisations de janvier/février où on n’a pas forcément obtenu les promesses qui avaient été faites. Elles seront peut-être à l’ordre du jour des prochaines mobilisations.
Quelles sont les raisons de la colère ?
On peut parler de la PLOA (Pacte et loi d'orientation et d'avenir agricoles) qui est en standby suite à la dissolution de l’Assemblée nationale. C’est une loi qui vise à soutenir le revenu des agriculteurs, à renouveler les générations en agriculture. C’est une loi qui est très attendue par le milieu agricole.
Vous vous étiez déjà mobilisés en début d’année, est-ce que vous avez remporté des victoires ?
On ne peut pas dire qu’on n’a rien eu. On est sorti sur le sujet principal du revenu, aujourd’hui avec le contexte climatique qu’on a eu au printemps, à l’été et à l’automne, avec une pluviométrie conséquente, les revenus des agriculteurs sont encore en baisse, c’est pour ça que ça nous pousse à ressortir. Néanmoins, on a quand même obtenu la détaxation du gazole non-routier, le carburant qu’on utilise. On n’a pas obtenu plus que ce qu’on avait avant, mais on a obtenu la stabilité dans le remboursement de cette taxe. On a également obtenu la dérogation de l’implantation des jachères. On ne peut pas dire qu’on n’a rien obtenu, néanmoins, il y avait beaucoup d’autres sujets qui étaient sur la table où on a eu des promesses qui ne sont pas tenues.
Est-ce que vous ressentez une détresse du côté des agriculteurs de Moselle ? Avez-vous peur pour l’avenir de la profession ?
Forcément, l’année qu’on a vécue avec un contexte climatique, une pluviométrie, où on a eu peu de créneaux pour réaliser le travail qu’on a sur nos exploitations, rajoute un poids supplémentaire sur l’ambiance qui règne au niveau des mobilisations. Les agriculteurs sont quand même inquiets pour la suite de leur métier. Hier, c’étaient des mobilisations JA et FDSEA. En discutant avec certains anciens qui ont plus d’expérience que nous, ils nous disent qu’ils n’ont jamais connu un contexte économique tel que cette année. Pour nous, jeunes, c’est un peu la découverte, mais pour les anciens aussi. Ça montre qu’on est dans un contexte qui est très compliqué.
Doit-on s’attendre à une montée en puissance du mouvement dans les prochains temps ?
Hier on a suivi un mot d’ordre national qui visait à mettre une certaine pression au niveau du gouvernement. Il me semble que sur la totalité de la France, 82 départements ont joué le jeu donc ça montre qu’il y a quand même beaucoup d’agriculteurs sur la totalité de la France qui sont en détresse. Je pense que les mouvements vont s’intensifier, vont s’amplifier, néanmoins notre objectif principal, c’était surtout d’alerter le gouvernement, de leur mettre la pression, de dire « maintenant il faut que ça bouge ».