Une rentrée en grève pour les sapeurs-pompiers de Moselle

Les pompiers de Moselle sont en grève ce lundi. Ils dénoncent notamment un manque d'effectifs dans les casernes. La date du 1er septembre n'a pas été choisie au hasard, le nouveau directeur départemental des pompiers arrive aujourd'hui en Moselle. On en parlait ce matin avec notre invité.
Son N°1 - Une rentrée en grève pour les sapeurs-pompiers de Moselle
Alexandre Zinck, président SNSPP-PATS 57, syndicat des pompiers professionnels et des personnels administratifs, techniques et spécialisés de Moselle
Une grève commence aujourd'hui en Moselle. Quelle est la situation ? Pourquoi est-ce que vous faites grève ?
Alors nous, dans un premier temps, ce qu'on souhaite souligner, c'est qu'on souhaite remettre le citoyen au cœur des débats ainsi que la sécurité de nos collègues sapeurs-pompiers. Aujourd'hui, on a un manque cruel d'effectif, ça fait qu'on rallonge les délais d'intervention, qu'on part souvent en sous-effectif et qu'il faut plusieurs véhicules pour compléter un véhicule.
Donc, sur le terrain, c'est quoi les conséquences de ce manque d'effectif ?
Sur le terrain, quand vous avez un seul engin de 6 personnes pour partir sur un feu, on se retrouve avec un véhicule qui va partir à 3 ou à 4, doublé d'un deuxième véhicule qui partira à 2 ou à 3 pour compléter le premier et arriver à 6 sapeurs-pompiers pour qu'on puisse avoir ce qu'on appelle un engin normalisé.
Donc ça va être des délais d'intervention plus longs et des gens peut-être « en danger » ?
Tout à fait, parce qu'on essaie toujours d'intervenir au maximum en sécurité. Donc on travaille par binôme, c'est deux personnels. Le danger, on le retrouve principalement sur tout ce qui va être feu. Auparavant, on sortait régulièrement, on était 6, on avait un chef d'agrès, un conducteur et deux binômes. Donc on avait un binôme qui pouvait rentrer dans un incendie et un binôme de sécurité ou qui pouvait faire d'autres missions. Aujourd'hui, le problème, c'est qu'on a de plus en plus fréquemment un fourgon pompe-tonne, donc un engin d'incendie, qui va partir à 4. Donc si le binôme rentre dans le feu, il n'aura pas de binôme de sécurité derrière ce qui fait qu'il met en danger sa propre mission. Et les gens forcément, je ne vais pas dire qu'ils soient moins bien secourus, mais on ne mettra pas tous les moyens tout de suite comme on a su le faire pendant des années et des années.
Entre 9 et 10 minutes 30 pour arriver sur le lieu de l'intervention
Ce n'est pas la première fois que vous tentez d'alerter sur ce problème, sur ce manque d'effectif. En juin dernier, à Metz, vous aviez interpellé le président du Département, Patrick Weiten, jeudi dernier, vous avez également eu une réunion. Qu'est-ce qu'on vous répond ?
Alors le problème, c'est qu'on vient avec des chiffres, mais les chiffres, on peut leur faire dire tout et n'importe quoi. Donc la première chose, on vient de valider en instance le schéma départemental d'analyse et de couverture des risques, où justement les délais d'intervention ont été montrés. Alors pour nous, sapeurs-pompiers, qui voulons toujours essayer d'intervenir au plus rapide, les chiffres ne sont pas bons parce qu'on a augmenté le délai d'intervention de 1 à 2 minutes en moyenne. Mais pour notre administration, les chiffres sont bons parce que, comparé à d'autres départements de même ampleur que la Moselle, on fait partie toujours des plus rapides. Donc, eux, ils ont un regard de chiffres alors que nous, on a un regard du citoyen mosellan en disant, avant en moyenne, on était entre 7 et 9 minutes, maintenant, on va être entre 9 et 10 minutes 30. Nous, on ne peut pas accepter.
Le mouvement de grève commence donc aujourd'hui. Est-ce qu'il va être reconduit ? C'est quoi la conséquence sur la population et le secours à personne ? Est-ce que ça veut dire qu'aujourd'hui, il n'y a plus de pompiers dans les casernes ?
Non, non, non. Rassurez-vous, si on arrive toujours à faire nos missions, c'est parce qu'on peut compter sur l'abnégation des sapeurs-pompiers mosellans. Parce que même si on grogne, on alerte, on répond toujours présent. Je parle bien des sapeurs-pompiers, que ce soit des professionnels ou alors des volontaires, parce que le but, ce n'est pas d'opposer l'un envers l'autre, comme certains essayent de le faire. La conséquence, on peut prendre en exemple ce qu’il s’est passé dernièrement, vous avez une détresse vitale sur Metz, ce sont les pompiers d'Hagondange qui descendent à Metz. Donc, plutôt que d'avoir une ambulance de Metz qui va mettre deux minutes à être sur place, ça va être Hagondange qui va descendre. Mais comme à Hagondange, l'ambulance ne sera plus là, s'il se passe quelque chose là-bas les moyens vont venir d'encore plus loin. Et c'est ce qu'on a. En fait, à chaque fois, on déshabille Paul pour habiller Jacques. On avait fait une publication le mois dernier où des moyens d'Hagondange sont descendus dans le sud de Moselle parce que les moyens du sud mosellan étaient montés dans le nord de Moselle. Malheureusement, c'est ce qu'on dit, on ne peut pas tout prévoir, mais auparavant, on avait un maillage, surtout une quantité de personnel dans les casernes, qui permettait de faire sortir les engins sur leur secteur.