Restituer le passé aux générations futures

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Restituer le passé aux générations futures

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Épisode du jeudi 30 mars 2023 à 11:05

Dans le jardin d'hiver du musée de Sarreguemines, j'ai eu la chance de rencontrer Olivier.

Olivier, conservateur-restaurateur et directeur du centre régional de restauration et de conservation des œuvres d’art de Vesoul.

Je suis tombé dans la restauration dans mes études ; moi je partais pour être prof d’arts plastiques. En fait, au courant de mes études, j’ai découvert le métier de conservateur restaurateur, qui est un métier qui est peu répandu.

En quoi consiste le métier de restaurateur ?

Nous, on va pas s’improviser, on va pas fabriquer, on n’est pas dans la rénovation ni la création, on est dans la restauration. Donc on a reçu un objet, qui vient du passé et on va le transmettre au futur. Donc l’objectif c’est ça, c’est de restituer aux générations futures ce qui nous a été transmis. On est un peu les médecins (ndlr de ces œuvres), on va chercher à comprendre pourquoi ça se dégrade de manière à anticiper la dégradation et la stabiliser.

Vous travaillez sur de véritables chefs-d'œuvre.

Oui, on peut travailler autant pour les monuments historiques, que pour les musées qui nous permettent de travailler sur les œuvres dites classées, donc protégées par l’Etat. Donc ça c’est les collections publiques, donc c’est des œuvres plutôt exceptionnelles où il faut faire très attention.

Ça met une pression supplémentaire ?!

Oui, bah, on est formés à ça…ça ne banalise pas pour autant, c’est toujours impressionnant. C’est vrai, quand vous avez des objets qui peuvent avoir 300, 400, 500 ans ou plus, ça fait toujours quelque chose.

Là, en l’occurrence pour le jardin d’hiver (ndlr au musée de Sarreguemines) on a trouvé des faux bois, qui étaient originaux, donc plus anciens que ceux actuels, et on voit qu’il y a déjà eu des restaurations ou rénovations, probablement lors de travaux anciens. Donc ça nous apprend à chaque fois des choses. Nous, on va conserver l’actuel, ce qui nous a été transmis, après, on documente aussi ce qu’on découvre. C’est assez fréquent en sculpture, vous avez des œuvres qui ont 600 ans, elles n’ont pas une couche de peinture, mais plusieurs dizaines parfois. Il y a des fois, on retrouve les couleurs passées, puis c’est devenu des gris, des blancs, et ça fini par un marron.

Qu’est-ce qu’il faut comme atout dans votre métier, de la patience ?

Oui il faut une certaine patience. Il faut de la diligence, de l’humilité aussi. Il faut rester humble dans notre pratique, on apprend à bien faire les choses, mais il ne faut pas s’imaginer être meilleur que les artistes.


Quels sont les avantages et les inconvénients de votre métier ?

On travaille beaucoup en déplacement, c’est un avantage et un inconvénient. Mais ça permet de voir plein de belles choses, on rencontre de chouettes personnes. Et alors les inconvénients, il y a beaucoup de déplacements, il y a une certaine précarité, une mise en concurrence, il n’y a pas d’emploi salarié en France ou alors très très peu.

Quels conseils peux-tu donner à quelqu’un qui souhaite se lancer dans ce métier ?

 Il faut un bagage scientifique, il faut un bagage historique et donc ce sont des études très longues, il faut du courage.

As-tu une anecdote sur le jardin d’hiver de Sarreguemines ?

Beaucoup pensent qu’il y a du bois, mais en fait, il y en a très très peu. Il y en a juste dans les parties basses, tout ce que vous voyez, c'est un décor, un trompe-l'œil.  

 


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