Épisode du mercredi 4 décembre 2024 à 12:20
À l’approche de Noël, il se dresse fièrement à l’intérieur de nos maisons, faisant le bonheur des plus petits mais aussi des plus grands. Il tient également une place d’honneur dans les marchés de Noël de nos villes, les plus renommés étant celui de la place Kleber à Strasbourg, la place de la victoire à Mulhouse et la place Stanislas à Nancy. C’est le sapin de Noël, décoré d’ornements et de guirlandes lumineuses, qui est certainement LE symbole de Noël, celui fêté depuis notre tendre enfance. On va plonger dans cette chronique vers les origines de cette tradition et ce voyage va nous mener très loin dans le temps.
D’où vient cette tradition ?
Le fait de décorer un sapin comme nous le connaissons aujourd’hui remonte véritablement au Moyen Âge. C’est en Allemagne que la coutume a véritablement pris naissance, même si les premières traces écrites d’une décoration de sapin ont été découvertes en 1510 en Lettonie.
La véritable première mention d’arbre de Noël date de 1521 et nous vient d’Alsace. Au 16e siècle, l’Alsace ne faisait pas partie du royaume de France mais du Saint-Empire romain germanique.
Les gens avaient pour coutume d’accrocher des pommes, des bonbons dorés, du papier de couleur ou encore des roses à des branches d’arbres. Cet usage se développa surtout chez les protestants à l’époque de la réforme. Ils ne voulaient pas représenter la nativité par une crèche, pour se démarquer des catholiques. Cette tradition s’est répandue ensuite dans l’Europe protestante, en Allemagne et en Scandinavie. Mais dans les provinces françaises, de majorité catholique, c’était la crèche qui conservait la tradition.
Un symbole qui remonte à la nuit des temps.
La période du 25 décembre marque, pour les cultures celtes, germaniques, romaines, le renouveau, la renaissance, le retour de la lumière. On y célèbre le culte du soleil invaincu. Il s’agit du jour le plus court de l’année qui marque dans la tradition nordique, le retour du soleil, l’allongement des jours jusqu’à la belle saison.
Le sapin et l’épicéa, conifères à feuilles persistantes, rappellent depuis longtemps ce symbolisme de la renaissance lors du solstice d’hiver, L’utilisation d’arbres à feuilles persistantes, de couronnes et de guirlandes pour symboliser la vie éternelle est une coutume antique déjà connue chez les Égyptiens.
Ils voyaient dans les arbres demeurant continuellement verts (sapins, conifères, joncs…) un signe du triomphe des dieux sur l’hiver, des arbres de vie.
Ils exprimaient ainsi leur attente du Printemps et de ses températures plus clémentes, plus propices aux plantations. Durant cette période, ils ornaient l’intérieur de leurs maisons de larges branches de sapins. Pour eux, cela signifiait que tout serait bientôt vert et florissant à nouveau.
Le voyage du sapin de Noel
En France, le sapin de Noël apparaît en 1738 dans la cour de Versailles, introduite par Marie Leszczynska, femme de Louis XV et d’origine polonaise. Un siècle plus tard, en 1837, c’est aux Tuileries qu’on dresse un sapin grâce à la duchesse d’Orléans, qui a des origines allemandes. En France, c’est néanmoins un événement tragique qui va favoriser son expansion : l’annexion de l’Alsace Lorraine. Suite à la signature du traité de Francfort en 1871, les habitants d’Alsace Lorraine doivent faire un choix : rester sous l’autorité de l’Empire allemand ou quitter leur foyer pour conserver la nationalité française. Ce flux de population a permis une large diffusion de cette tradition dans toutes les contrés de France.
La coutume traverse l’Atlantique au XIXème siècle. Les immigrants allemands qui débarquent en Pennsylvanie continuent à décorer leurs sapins à Noël, comme ils avaient l’habitude de le faire chez eux. En 1895, un sapin décoré de guirlandes lumineuses fut érigé à la Maison-Blanche. Cela fit connaître cette décoration au grand public qui l’adopta progressivement.
Pour conclure
Les sapins font partie du décor de Noël et contribuent à l’atmosphère féerique de la fête. Il faut dire que les aiguilles persistantes d’un beau sapin jouissent d’un côté symbolique, celui de la vie. Le fait d’illuminer un tel arbre est aussi un symbole de continuité et de renouveau. On appelle d’ailleurs ce conifère « arbre de l’enfantement » et, dans certains pays, il est de tradition d’en planter un dans le jardin le jour de la naissance d’un enfant.
Le sapin de Noël, c’est ainsi plus de 500 ans de tradition, ponctuée également d’évènements tragiques et de migrations de peuple. Le sapin nous rappelle que l’histoire de l’humanité est faite de voyages et que ces derniers enrichissent notre patrimoine et nos traditions.
Chronique réalisée par Gilles Weiskircher, éthnobotaniste et mycologue.