La Chronique végétale : la molène bouillon blanc

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La Chronique végétale : la molène bouillon blanc

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Épisode du mercredi 24 juillet 2019 à 11:01

 La molène bouillon blanc (Verbascum thapsus)

 

Histoire et anecdotes

La légende prétend que le bouillon-blanc est la plante employée par Ulysse pour se protéger des charmes de Circé mais la traduction du mot grec employé par Homère est controversée (il s’agirait plus vraisemblablement de l’ail).

L’usage du bouillon-blanc est très ancien. Il a été prescrit par Hippocrate, Dioscoride et Pline. Dans le calendrier républicain, il symbolise le deuxième jour du mois de thermidor. Il est difficile de savoir l’origine de son nom. On mentionne le terme latin barbascum (de barba, barbe) afin de souligner l’aspect hirsute de la plante. À maturité, sa hampe florale peut atteindre deux mètres. Elle était donc utilisée au Moyen-Âge comme torche, comme flambeau lors des processions à la Vierge ou pour chauffer le four des boulangers. Pour cela, il fallait en retirer les feuilles et l’enduire de poix. Cet usage lui a valu son nom de cierge de Notre-Dame. Les feuilles étaient utilisées autrefois également pour faire des mèches de lampe à huile ou mises dans les chaussures pour aider à les isoler.

La plante a, selon les folklores locaux, la capacité de faire fuir les mauvais esprits et servait dans les rituels d’exorcisme. Au Moyen-Âge, lors de la St Jean, les troupeaux devaient passer au travers de la fumée dégagée par la combustion de ces feuilles et, dans les étables, on gardait des morceaux calcinés à des fins de protection. En Inde, elle est connue comme bouclier contre la magie et les ensorcellements. C’est l’une des raisons pour laquelle, outre sa beauté, elle est plantée dans de nombreux jardins.

 

Description botanique

Bouillon-blanc est un nom commun que portent plusieurs espèces de plantes à feuilles d’aspect blanchâtre et laineux parmi les molènes (Verbascum) de la famille des Scrophulariaceae. L’utilisation multiple du nom de « bouillon blanc » est à juste titre considérée comme une erreur par les botanistes et devrait être réservée à Verbascum thapsus.

C’est une plante robuste à tige raide, plus ou moins ailée, pouvant atteindre 2 m de haut, à revêtement cotonneux épais. Les feuilles sont grandes, ovales crénelées, les caulinaires sessiles, plus ou moins décurrentes, les inférieures longuement pétiolées, en rosette. Les fleurs, jaunes, se présentent en grappes longues de parfois 1 m, à 5 pétales. La fleur comporte 5 étamines, 3 supérieures plus courtes avec des poils, et 2 inférieures plus longues. La fleur, riche en nectar, fait le bonheur des abeilles et autres butineurs. La plante fleurit de juin à novembre.

La première année, pendant le printemps et l’été, la plante développe une rosette de feuilles qui reste au ras du sol. À ce stade on ne peut pas déterminer quelle est l’espèce. Le printemps suivant, la rosette va commencer à monter autour d’une tige unique qui donnera lieu au fameux « cierge de notre dame ». Les feuilles sont plus grandes au ras du sol, et deviennent de plus en plus petites en se rapprochant de la tige fleurie.

Le bouillon-blanc est une plante très fréquente qu’on trouve en Europe ainsi qu’en Asie, sur sols sablonneux de préférence : coteaux secs, talus, pâtures, bois clairs, décombres, bords de chemins, terres incultes, remblais, voies de chemin de fer, endroits secs et pierreux.

 

Usage médicinal

Les fleurs (la corolle mondée) sont médicinales. Elles sont riches en saponines et en mucilages, offrant ainsi des propriétés émollientes et adoucissantes Ces mucilages ont la particularité de transformer les sucres en une sorte de gel protecteur. Les saponines, quant à eux, sont des expectorants. L’action combinée de ces deux composants fait du bouillon-blanc un remède très efficace contre la toux. On utilise les fleurs en tisane ou en sirop.

 

Précautions

Attention au risque de confusion avec d’autres molènes non médicinaux. Seuls 3 molènes sont considérés comme médicinaux : V. densiflorum, V. phlomoides et V. thapsus. Pour l’identification, il faut s’assurer que les feuilles sont couvertes d’un revêtement cotonneux dense et persistant. Pour bien distinguer les espèces, il faut un examen minutieux de l’insertion des feuilles sur la tige et des pièces florales. Sans la hampe florale, on ne peut pas conclure sur l’identification.

Il faut bien filtrer l’infusion pour éliminer les poils adhérents aux fleurs qui causent des picotements irritants.

On déconseille son utilisation pour les enfants de moins de 12 ans et, d’une manière générale, pour une durée supérieure à une semaine. De même, son usage est déconseillé durant la grossesse et l'allaitement, en l'absence de données cliniques.

Qu’importe la plante sauvage que l’on ramasse, il faut préalablement savoir l’identifier sans aucun doute possible. Au préalable, faites vous montrer la plante par un connaisseur et apprenez à la reconnaître.

Les informations médicales données ici ne le sont qu’à titre indicatif et ne remplacent en aucun cas un avis médical d’un professionnel, seul en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé, de poser un diagnostic et de définir une posologie. De façon générale, les effets d’une plante ne sont pas anodins. Une plante sauvage peut présenter des contre-indications selon les personnes ou avoir des interactions avec des traitements médicamenteux en cours. Par conséquent, un minimum de connaissances et un avis médical préalable sont essentiels avant tout usage d’une plante sauvage.

Un avis médical préalable est également indispensable pour les femmes enceintes, allaitantes et les enfants.

Consommer des plantes sauvages crues expose à un risque de parasitose, par exemple l’échinococcose alvéolaire. La cuisson complète uniquement élimine le danger parasitaire.

Le cueilleur responsable ne collecte que ce dont il a besoin pour sa consommation, en respectant la nature et le droit de propriété.

Enfin, l’environnement de cueillette est important. On évitera les endroits pollués.

 

Sources :

http://www.wikiphyto.org/wiki/Bouillon_blanc

https://laplumedeloiseaulyre.com/?p=3300

Chronique réalisée par Gilles, ethnobotaniste et mycologue 

 

 


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