Rixe à Hambach : jusqu'à 18 mois de prison
Cinq heures d’audience pour se pencher sur une affaire de règlement de comptes sur fond de dette et de drogues. Ce lundi, le tribunal de Sarreguemines jugeait cinq individus dans le cadre de la rixe à Hambach. Ils ont été condamnés de 4 à 18 mois de prison.
Le 10 septembre 2019 vers 21h30, une violente bagarre éclate rue de Puttelange à Hambach. Quatre individus se rendent au domicile de David M. Il est passé à tabac. Dans la rixe, un des agresseurs est également blessé.
Le tribunal a tenté de faire la lumière sur le déroulé de cette soirée. Les voisins et témoins de la scène parlent tous de cris et décrivent une scène très violente avec des coups mais aussi des armes, notamment des couteaux et une arme de poing, factice ou pas, cela n'a pas pu être déterminé.
Pour une dette de 1 000 euros
« Ça fait trois mois que tu me dois 1 000 euros. J’irai en prison s’il le faut » lance un des protagonistes selon des témoins qui parlent d’une bagarre d’une dizaine de minutes. « Ce n’était pas 10 minutes, mais oui, c’était quand même long » reconnait à la barre Anthony S. à qui la victime devait de l’argent.
La complexité dans cette affaire c’est de savoir qui a lancé les premiers coups. Car c’est là que les témoignages des prévenus divergent. « J’ai entendu sonner à l’interphone, j’ai ouvert mais personne n’est rentré. Alors je suis sorti de l’immeuble et je suis tombé nez à nez avec eux. C’est allé vite. J’ai été roué de coups. J’ai tenté de me défendre. J’ai bien donné un coup de couteau. Ensuite ma tête a cogné plusieurs fois un muret et j’ai perdu connaissance », explique la victime, qui est aussi accusée d’avoir blessé un des agresseurs présumés. Selon Anthony S., « c’est lui qui est sorti et qui avait déjà le couteau en main. Il a pris peur je pense. Mais moi à la base je voulais simplement discuter et lui demander mon argent ». Au final, les magistrats se retrouvent avec près de cinq versions différentes sur la question « qui a donné les premiers coups ? ».
Les quatre agresseurs présumés sont toutefois d’accord sur une chose, rien n’était prévu. « Ca ne devait pas dégénérer », explique Anthony S. et les autres prévenus Grégory M., Rida R et Cédric W. Mais pour le Procureur de la République, les prévenus avaient bien conscience qu’ils venaient pour de mauvaises intentions puisque certains avaient le visage dissimulé et qu’il y avait des armes.
La question de la légitime défense se pose.
David M. reconnait avoir donné un coup de couteau à Rida R. Mais si le prévenu veut plaider la légitime défense, il doit apporter des preuves. Ce qui plaide en sa faveur selon le Jean-Luc Jaeg qui représente le Ministère public, c’est que face à lui, David M. a quatre personnes dont certaines sont cagoulées et armées. Ce qui est en sa défaveur, c’est qu’il avait un couteau sur lui quand il est sorti et que les témoignages des agresseurs présumés ne vont pas dans le sens de la légitime défense.
Selon l’avocat de David M., « le doute sur la légitime défense existe, donc il doit lui profiter. Il n’a fait que se défendre alors qu’il était tranquillement chez lui en train de jouer avec son fils ».
Sur les violences, Jean-Luc Jaeg estime qu’ils ne sont pas tous au même niveau. Rida R. a porté moins de coups que les autres. « S’il n’a pas porté beaucoup de coups, c’est qu’il a rapidement reçu un coup de couteau. Grégory M., lui, n’a pas porté de coups physiques car il est sûrement moins courageux. Donc il a vite quitté les lieux. Enfin concernant Anthony S. et Cédric W., on peut parler de comportement sauvage ».
Le jugement
Le Ministère public a requis des peines allant de 4 mois de prison avec sursis à 18 mois ferme. Tous sont déjà connus de la justice. Après un délibéré de près de 30 minutes, le jugement est tombé. David M., qui s’est fait agresser devant chez lui, écope de 4 mois de prison sans aménagement de peine ab initio pour violence avec usage d’une arme suivi d’une incapacité temporaire de travail n’excédant pas 8 jours. Le juge n’a pas été convaincu par la légitime défense.
Grégory M. écope de 4 mois de prison. Rida R, de 9 mois sans maintien en détention. Cédric W. de 15 mois avec maintien en détention. Et enfin Anthony S jugé comme « l’organisateur », écope de 18 mois de prison avec maintien en détention.