Sarreguemines : plus de 50 rentrées scolaires pour Jean Cahn
Aujourd’hui c’est la rentrée des classes. Jean Cahn se souvient bien des siennes puisqu’il en a fait plus d’une cinquantaine.
Cet homme de 73 ans a passé les trois quarts de sa vie au Lycée d’Etat Mixte devenu ensuite le lycée Jean de Pange à Sarreguemines. Élève puis professeur de lettres classiques, sa mémoire est remplie de souvenirs.
Son N°1 - Sarreguemines : plus de 50 rentrées scolaires pour Jean Cahn
C’est en 1972 que Jean fait sa première en tant qu’enseignant, 6 après avoir obtenu son bac. Et la journée avait mal commencé à cause d’un surveillant.
Ce surveillant m'interpelle et me dit " Hé toi là, qu'est-ce que tu fais là ? Tu sais pas c'est interdit aux élèves ? " ... " Je suis professeur Monsieur " ... (rires) Le surveillant était vraiment tout honteux.
Jean l’avoue, il n’était pas très commode comme professeur. Il imposait le respect en vouvoyant les élèves mais les appelait par leur prénom, contrairement à ces prédécesseurs qui utilisaient le nom de famille. Aujourd’hui, il remarque un certain manque de respect.
Lorsque j'ai quitté le lycée (ndlr : en 2008), nous étions peut-être encore 2 ou 3 professeurs pour lesquels les élèves se levaient; et jusqu'à la fin de ma carrière, mes élèves se levaient lorsque j'entrais en classe.
Avec une carrière de plus de 50 ans, Jean constate que le bac n’a plus la même valeur.
Lorsque j'étais élève au lycée Jean de Pange, il y avait une ou deux mentions "très bien" par an et pas tous les ans. Aujourd'hui, on ne sait même plus combien il y a de mention "très bien". Aujourd'hui, une mention "très bien" ne signifie plus rien.
À l’époque, il existait des classes de latinisme homogène avec des élèves plutôt doués.
Nous avions à peu près 300 élèves latinistes au lycée. A partir du moment où on a créé l'hétérogénéité, où on a éclaté les élèves latinistes dans quasiment toutes les classes de seconde, le latin a très vite décliné.
Des élèves qui n’évoluaient pas de la même manière selon lui.
Les jeunes filles sont infiniment plus mûres en seconde que les garçons, ça veut dire qu'elles vont travailler et mieux réussir que les garçons. Au bout des courses, les garçons finiront par les rattraper.
Jean n'a qu'une conviction, celle d'enseigner et d'apprendre aux élèves et non pas les laisser seuls à décrypter leurs cours.
J'ai dû mal à considérer que les élèves sont capables en une heure d'expliquer correctement un texte et de le défricher de manière à aller à l'essentiel de ce texte.
Pour conclure, Jean conseille aux lycéens de faire les efforts nécessaires dès la seconde, car pour lui, il s’agit du premier socle vers leur vie professionnelle.