Obligation vaccinale pour les soignants : ''Il y a un an on était des héros, aujourd'hui on nous stigmatise''
A partir d’aujourd’hui, les professionnels de santé sont soumis à l’obligation vaccinale. Ça concerne les soignants, les ambulanciers ou encore les pompiers.
Son N°1 - Obligation vaccinale pour les soignants : ''Il y a un an on était des héros, aujourd'hui on nous stigmatise''
Monique François, déléguée fédérale FO Santé Lorraine
Pour commencer, est-ce que vous pouvez nous rappeler ce que ça signifie ? Est-ce qu’un soignant non-vacciné peut venir travailler en se faisant tester par exemple ?
Non. L'obligation vaccinale consiste en plusieurs étapes. Soit vous avez un schéma vaccinal complet avec les deux doses et vous pouvez travailler sans problème. Soit vous avez 1 dose et vous aurez l'obligation de faire un test toutes les 72h jusqu'à ce que vous ayez votre 2ème dose. Et si vous n'avez aucune dose vous êtes suspendu. A partir de demain, en tout cas pour l'hôpital de Sarreguemines, les agents qui aujourd'hui ne sont pas recensés comme ayant été vaccinés seront suspendus de leur fonction, donc sans salaire jusqu'à présentation de leur pass, s'ils le présentent.
En Moselle combien de soignants sont concernés ? est-ce qu’on sait combien sont vaccinés ?
Oui sans doute puisqu'au sein de nos établissements de Sarreguemines, CHS et Pax, on était environ à 85% de vaccinés la semaine dernière. J'espère qu'un certain nombre a fait parvenir le pass vaccinal depuis mais on imagine quand même que ça représente une vingtaine d'agents sur chaque établissement sarregueminois et à peu près de la même proportion sur Forbach voire plus. On ne pourra que vérifier ces informations aujourd'hui.
On sait ce qui va arriver à ceux qui n'ont pas de vaccin aujourd'hui ? Quel est le problème ?
Oui bien sûr. Ils vont être convoqués pour un entretien et on va leur remettre le document qui explique qu'ils sont suspendus de leur fonction. Là, ce qu'on regrette à Force Ouvrière et c'est pour ça qu'on a déposé un préavis de grève aujourd'hui, c'est qu'il y ait des sanctions pour les agents non vaccinés. Je suis personnellement vaccinée mais je respecte le choix des collègues qui ne veulent pas se faire vacciner. Je ne sais pas si le gouvernement a conscience que dans les établissements on va être en grande difficulté. Il faut savoir qu'on a un absentéisme très important lié aux suites du COVID, à la période intense de travail. Aujourd'hui on a fermé un nombre important de lits et on va encore devoir en fermer. C'est inadmissible, ça va détruire l'offre de soins et ce n'est pas acceptable !
Il y a un an on était des héros, aujourd'hui on nous stigmatise. Il y a 6 mois on nous autorisait à travailler si on était asymptomatiques, aujourd'hui on nous interdit de venir travailler. C'est un peu fort de café à mon goût.
Que demandez-vous aujourd'hui ? Qu'on retire cette obligation vaccinale ?
Non pas du tout. Parce que le vaccin est nécessaire pour sortir de cette crise sanitaire. Mais on demande de laisser un délai supplémentaire, comme dans les départements ultra marins pour mener la réflexion et convaincre les collègues qui ne veulent pas se faire vacciner. Parce que très souvent, c'est pas qu'ils ne veulent pas se faire vacciner c'est qu'ils sont en attente d'un vaccin français et que ce vaccin n'est pas encore sur le marché.