Forfait patient urgences : ''Il ne faut absolument pas renoncer au soin''
Depuis le 1er janvier, tout passage aux urgences qui n’est pas suivi d'une hospitalisation a un tarif unique. Il faut payer 19,61 euros.
Son N°1 - Forfait patient urgences : ''Il ne faut absolument pas renoncer au soin''
Emmanuelle Seris, déléguée syndicale Grand-Est et porte-parole de l’association des Médecins Urgentistes de France
Comment ça marche exactement ? Est-ce que tout le monde doit payer cette somme ?
Ça concerne essentiellement les personnes qui bénéficient de consultations aux Urgences qui ne sont pas suivies d’une hospitalisation. Après il y a effectivement des cas particuliers qui seront exonérés de cette somme : les enfants victimes de sévices, les victimes de terrorisme et les personnes soignées dans le cadre de l’urgence sanitaire. Il y a une mention particulière pour les femmes enceintes de plus de 5 mois et pour les personnes en infection de longue durée qui ont une réduction de ce tarif mais qui malgré tout auront un reste à charge.
Pourquoi ce tarif unique ? Est-il au final plus avantageux qu’avant, puisqu’on recevait une facture des semaines à la maison qui pouvait coûter plus cher ?
L’objectif c’est d’uniformiser le reste à charge pour les patients. Ce qui est un peu ennuyeux c’est que ce soit demandé d’emblée et puis qu’il y ait effectivement des démarches administratives supplémentaires à faire à l’arrivée aux urgences. Le principe de la facturation à l’arrivée aux urgences c’est quelque chose qui se rajoute aux tâches qu’on avait jusque-là. Après affectivement, on n’a pas la surprise du reste à charge qui arrive. Donc ça permet d’uniformiser ce qui reste à payer d’une part et de réduire les coûts pour les personnes qui avaient un reste à charge trop élevé.
Pour vous, cette réforme est-elle utile ?
On se demande quand même l'intérêt d'une démarche supplémentaire qui vise à faire de la facturation alors qu'il y a de grosses difficultés dans les services d'urgence. On estime que la priorité c'était pas du tout de mettre à plat la facturation. C'est un peu surprenant comme décision.
Y aurait-il d’autres mesures à mettre en place pour désengorger les urgences ?
Désengorger les urgences, j'ai un peu de mal quand c'est associé à une mesure de facturation parce que ça sous-entendrait qu’il y a des personnes qui viennent aux urgences pour rien, or c’est jamais le cas. Quand on vient aux urgences il y a toujours une urgence au moins ressentie ou qu’il n’y a pas de médecin généraliste disponible dans un délai raisonnable et qu’en conséquence le risque serait un renoncement au soin. Et ça me semble être quelque chose d’extrêmement grave. Il ne faut absolument pas renoncer au soin.
Que faudrait-il faire pour réduire le temps d'attente des patients ?
Pour réduire le temps d’attente aux urgences c’est revenir sur des effectifs cible qui soient adaptés c’est-à-dire qu’il y ait un nombre de personne qui soit suffisant pour gérer le flux de personnes qui recourent aux urgences. Et puis rapidement avoir assez de médecins généralistes qui puissent encaisser toute la partie de médecine générale qui arrive aux urgences. Encore une fois, il ne faut pas renoncer aux soins même s’il y a des heures d’attente. Quand on ressent un besoin de soin il ne faut pas hésiter à consulter.