Pénuries et hausse des prix : le BTP en alerte
La guerre en Ukraine a des conséquences très concrètes chez nous et dans un certain nombre de domaines. Le BTP en fait partie.
Son N°1 - Pénuries et hausse des prix : le BTP en alerte
Pierre Schaeffer, Président de la Fédération BTP Moselle
Dans un communiqué, vous parlez « d’alerte maximale ». C’est-à-dire ? Le BTP est en danger en Moselle ?
Oui, la guerre en Ukraine a des conséquences très concrètes sur l’ensemble de nos entreprises du BTP. Ce sont des difficultés d’approvisionnement des matériaux et la hausse vertigineuse des coûts en particulier du carburant, ce n’est plus tenable pour nos entreprises. Cette situation dépasse certes le secteur du BTP, mais dans notre secteur, il s’ajoute une période extrêmement tendue en matière d’une hausse des coûts et cela dure depuis maintenant un an.
L’essence est le sujet de préoccupation des Français et pour vous également. Quel est l’impact chez vous ?
La hausse des produits pétroliers impacte fortement notre activité, mais ce n’est pas le seul élément. Beaucoup de produits de base pour la fabrication par exemple de tôles, de profilés, de poutres ou de tubes en acier proviennent soit d’Ukraine, de Russie ou de Biélorussie et les conséquences, c’est qu’il n’y a plus de délais de livraison de la part de nos fournisseurs et les prix sont fixés au moment de la livraison. Un autre élément, ce sont les produits en aluminium qui sont utilisés par certains fabricants et bien évidemment, ils sont fortement impactés. Il en va de même au niveau des tuiles, des briques et du carrelage. Certains fabricants ont également fortement réduit leur activité. Certains se sont même arrêtés faute de matières premières et aussi bien sûr en raison du coût des énergies comme le gaz et l’électricité.
En termes de chantier, vous pouvez les maintenir ou vous devez les repousser voir même les annuler ? Vous avez les matières premières nécessaires ? Le nombre de personnel adéquat ?
Il faut qu’on s’adapte, on n’a pas trop le choix. Certains chantiers prennent du retard d’où notre fédération qui se mobilise actuellement en multipliant les contacts avec Bercy et Matignon pour demander des évolutions urgentes. D’abord une mesure transitoire de baisse du taux de TVA sur les carburants. Actuellement, nous sommes à 20%, il serait peut-être souhaitable de l’abaisser à 5,5%. Cette mesure n’est pas irréaliste puisque cette TVA s’applique sur le prix total du carburant et personne ne comprendrait que, durant cette période actuelle, l’État cherche à engranger des recettes supplémentaires qui sont liées à cette crise internationale. Un autre point, c’est le gel des prix de l’énergie et du carburant. Ça s’est fait par décret lors de la guerre du Golfe en 1991, on pourrait le faire également pour cette période-là. Pour les marchés publics, c’est la prise en compte systématique des demandes d’indemnisation, d’avenant au marché et bien sûr, comme vous l’avez relaté tout à l’heure les chantiers prennent du retard donc la non-application de ces indemnités de retard.
Quelles sont vos perspectives ? L’année 2022 sera-t-elle pire que les deux années Covid ?
C’est très compliqué, on ne sait pas quand cette guerre s’arrêtera et bien évidemment tout cela à un impact terrible sur notre activité. On n’est pas les seuls concernés comme je l’ai dit tout à l’heure tout le monde est concerné. Il faut des décisions au plus haut sommet de l’Etat. On est bien conscient que ce n’est pas simple et que nous ne sommes pas les seuls concernés par cette conséquence due à cette guerre.