Moselle : Les pharmacies face au manque de personnel et de médicaments


par Margot Benabbas
mardi 25 octobre 2022 à 08:47

Les pharmacies face au manque de personnel et de médicaments

Selon la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, il manque 15 000 pharmaciens au niveau national.

Son N°1 - Les pharmacies face au manque de personnel et de médicaments

Eric Schiltz – Co-président de la Chambre syndicale des pharmaciens de Moselle.

Chez nous en Moselle, souffre-t-on de ce manque ? Avez-vous des données ?

Oui alors il manque 15.000 personnes, pharmaciens et préparateurs mélangés. En Moselle on subit la même situation que sur le reste du territoire et les confrères se plaignent de ne pas pouvoir trouver du personnel actuellement et c’est très embêtant parce qu’on a une multiplication des missions actuellement notamment en ce qui concerne la vaccination, le dépistage Covid, la charge de travail augmente et on n’a plus de personnel et on n’arrive pas à trouver.

Qu’est-ce qui explique ce manque ? 

Il y a plusieurs facteurs, alors il faut savoir que fin 2021, sur l’ensemble du territoire on manquait de 10.000 personnes, aujourd’hui, fin 2022, 15.000 personnes manquent à l’appel. Il y a plusieurs facteurs, déjà la période Covid n’a pas aidé parce que les gens se sont rendus compte de la possibilité d’une certaine qualité de vie associée à un aménagement des horaires de travail et donc certains se sont détournés de l’officine. Il y a également l’explosion des missions du pharmacien et la fatigue des équipes liées à la crise sanitaire et qui ont conduit à de nombreux départs. On peut ajouter aussi un ras-le-bol des équipes face de temps en temps au comportement un peu agressif du public – je ne parle pas de tout le monde – mais on a des personnels qui sont en première ligne et qui n’arrivent plus à supporter l’agressivité quelquefois des patients.

En Moselle, on subit aussi la concurrence du Luxembourg notamment qui propose des salaires plus attractifs, des conditions de travail qui sont peut-être un peu meilleures. Les confrères, et surtout en frontière luxembourgeoise dans le coin de Thionville et même jusqu’à Metz, subissent ce phénomène. On ne trouve pas de pharmaciens adjoints.

Quelles solutions ?

Actuellement, il n’y en a pas. On ne sait pas où sont passés ces diplômés ! Et ça c’est un phénomène national. Alors peut-être qu’ils ont pris des années sabbatiques, ils vont peut-être revenir. Actuellement on n’a pas de solution. La solution, pour l’instant, en ce qui concerne les préparateurs c’est la formation. Les formations de préparateurs sont pleines, on espère qu’à la fin de l’année ces gens-là vont se retrouver sur le marché du travail et pourront venir grossir les équipes. Mais pour l’instant en ce qui concerne les pharmaciens il n’y a pas de solution. Il faut qu’ils se remettent au travail.

Un autre sujet qui vous concerne directement c’est la possible pénurie de paracétamol ? On en manque réellement chez nous ? D’autres médicaments sont concernés ?

On parle du paracétamol parce que c’est le médicament majeur mais il n’y a pas que le paracétamol. Le paracétamol pourrait être en tension effectivement du fait d’une demande mondiale accrue. Or, la substance active est fabriquée en Inde et en Chine. Si la demande explose, obligatoirement on se retrouve en difficulté d’approvisionnement. C’est valable pour le paracétamol et pour d’autres substances actives comme les antibiotiques, les vaccins, les médicaments de l’hypertensions, les maladies cardio-vasculaires, les maladies du système nerveux.

C’est un phénomène qui explose actuellement. Il faut quand même savoir que ces pénuries ne datent pas d’aujourd’hui, on avait alerté les pouvoirs publics. Elles ont été multipliées par 20 entre 2000 et 2018 et par 12 depuis 2008. C’est très gênant parce que ça fait courir des risques considérables aux patients et ça fragilise le système de santé.


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