Lorraine : L'association Secouristes Sans Frontières de retour de Turquie, ''un tremblement de terre très compliqué''
Secouristes Sans Frontières est une association humanitaire, créée en 1978. Elle intervient lors de catastrophes et était donc en Turquie suite au séisme. Sur les 7 sauveteurs qui sont partis, 6 sont Lorrains.
Son N°1 - L'association Secouristes Sans Frontières de retour de Turquie, ''un tremblement de terre très compliqué''
Dominique Angeloni, chef de mission chez Secouristes sans frontières
Comment ça s’est passé quand vous avez appris qu’il y avait eu ce tremblement de terre ? Il a fallu s’organiser très vite ?
On est assez aguerri à ce type de catastrophe. Nous avons une cellule de veille opérationnelle, qui, elle, a un œil quasi en permanence sur les bulletins d’information dans le monde sur des sites spécialisés dans la gestion des catastrophes. Et lorsqu’on entend parler d’un tremblement de terre de nuit à 3h15 du matin et que, dans la foulée on voit un peu le nombre de victimes s’additionner très rapidement et que le pays fait une demande d’aide internationale, l’équipe est montée en quelques heures avec la prise de contact sur place et notamment la spécialité qu’on va donner à cette équipe.
On rappelle que vous êtes tous bénévoles, certains prennent donc congé pour partir ?
Oui bien sûr. En général, les collègues ont un partenariat. Leurs entreprises sont au courant de l’activité que font ces équipiers et en 3-4 heures en général, ils ont un retour positif. En général, l’employeur donne les congés en soutien à cette catastrophe aussi.
Vous êtes arrivés le 8 février sur place. Comment est-ce que ça se passe une fois là-bas ? Vous venez en soutien aux secouristes sur place ou vous menez vos propres missions ?
En général, ce qui a été le cas sur la Turquie, il y a un centre qui est déjà sur place, un centre de gestion de la crise. On s’enregistre à ce centre avec notre spécialité, c’est-à-dire, si on a des caméras de recherche, des capteurs à ultrason pour repérer les victimes, des chiens de recherche, tout ce potentiel matériel s’enregistre à ce poste. Le centre s’occupe du dispatching des secours sur place et ensuite, c’est eux, tous les matins qui nous donnent un site suite à des appels qu’ils ont reçu de la population locale et c’est comme ça qu’on organise nos missions tous les jours.
Une fois sur place, c'était comment ?
C’était un tremblement de terre un peu compliqué celui-là. Ils sont tous compliqué mais celui-là, la particularité c’était les bâtiments. Nous on sait tout de suite, que dès qu’on va travailler sur des sites avec des bâtiments à 5-6-10 étages, ça va être des gros effondrements en mille-feuilles, il faut s’imaginer un bâtiment de 10 étages réduite à quelques mètres, là-dedans on a des espaces entre chaque étage de 5-10 centimètres avec des cellules de vie en-dessous d’un escalier, en-dessous d’un meuble, et on sait très rapidement que ça va être compliqué, dangereux, parce qu’on est en zone sismique. Ça bouge encore et on va être obligé de faire du percement de dalles sur plusieurs étages, ça va être long. C’est pas comme le Népal en 2015 ou Haïti en 2010, des tremblements de terre aussi puissants que celui-là parce que c’était des bâtiments de 2-3 étages, on accède vite aux victimes. Là, dès que ça dépasse 5-7 étages ça devient vite compliqué.
Est-ce qu'il y a eu des sauvetages marquants ?
Il y a toujours de l’espoir. Ce qui fait religion dans ce travail, c’est les premières heures. Plus on arrive vite sur place et plus on est capable de trouver des gens vivants. Après, plus ça dure dans le temps et plus ça réduit. Je ne dis pas que c’est impossible mais ça se réduit. Il y a des sauvetages possibles, des miracles, tout est possible, des gens qui tombent dans une cave avec de l’eau, de la nourriture et tiennent 2 semaines. Même un peu plus des fois, par miracle, s’ils tombent au bon endroit au bon moment. Mais ça arrive évidemment, heureusement.
Les personnes qui souhaitent vous soutenir peuvent faire des dons, comment ça se passe ?
Directement sur le site internet de Secouristes Sans Frontières, parce que nous effectivement on ne fonctionne qu’avec des dons. Aucune personne chez nous n’est salariée. Tous les dons vont servir à préparer la prochaine mission et à aider les populations sinistrées peu importe où, en France et dans le monde.