En Moselle, aucune pharmacie n'échappe aux pénuries de médicaments
Mardi, le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, a pris la parole au sujet de la pénurie de médicaments en France, on fait le point sur la situation en Moselle.
Son N°1 - En Moselle, aucune pharmacie n'échappe aux pénuries de médicaments
Eric Schiltz – Co-président de la Chambre syndicale des pharmaciens de Moselle
Le président a annoncé qu’une cinquantaine de médicaments vont voir leur production rapatriée en France dans les prochaines années. 25 dans les prochaines semaines. Est-ce que ça va dans le bon sens ?
Bien évidemment, ça va dans le bon sens, mais les annonces, c’est une chose, il faut que ce soit suivi d’essais, parce que relocaliser la production de médicaments, c’est très compliqué. Il faut un renouvellement de tarif industriel. Le problème est de savoir de quoi on parle en matière de relocalisation. Est-ce que ça concerne la fabrication des principes actifs ou uniquement le façonnage des médicaments. Tout ceci est encore assez flou et on aimerait avoir des précisions. Ceci étant, ce qui va dans le sens de relocalisation, de reprise de la souveraineté de la fourniture de médicaments en France et en Europe effectivement, c’est une bonne chose.
Emmanuel Macron a parlé de la morphine, l'amoxicilline pédiatrique et six anti-cancéreux. Quels sont les médicaments pour lesquels il y a des tensions aujourd’hui ?
Pratiquement, sur toutes les classes thérapeutiques, on a eu des signalements en tension, en rupture qui ont été multipliés par 5 depuis 2018. On peut citer notamment les médicaments du système nerveux, les médicaments des voies digestives, les médicaments dérivés du sang. On est, nous pharmaciens, au quotidien confrontés à des difficultés croissantes de rupture de stock et c’est très problématique pour la continuité des soins. On est démunis dans les alternatives.
Aujourd’hui, quelle est la situation de la pénurie des médicaments en Moselle ? On imagine que la situation est similaire à d'autres régions en France ?
Je n’ai pas de chiffres exacts, mais d’après les retours que j’ai eu de confrères, nous sommes tous confrontés sur le territoire mosellan à ce problème de pénurie. Il peut y avoir des différences entre les différentes régions de France sur certaines molécules, sur certains médicaments. Mais, d’une manière générale, les pénuries font partie du quotidien des pharmacies françaises. C’est très dur à gérer parce que les patients ne comprennent pas pourquoi nous sommes en manque de médicaments et ils s’inquiètent pour leur santé bien évidemment.
Enfin, l’année dernière, on parlait avec vous d’un manque de personnel, 15 000 au total. La situation a-t-elle évolué ?
Pas du tout. La situation est toujours la même. On est toujours en manque. Pharmaciens, préparateurs confondus, il manque à peu près 15.000 personnes sur le territoire national. C’est très gênant, et ce qui ne va pas c’est dans le bon sens, c’est qu’il également, manque plus de 2000 étudiants en deuxième année de pharmacie. Donc nous nous inquiétons pour l’avenir de la profession.