Bas-Rhin : ''Nous, le monde agricole, on n'en peut plus,'' Gérard Lorber, secrétaire général de la FDSEA
Les agriculteurs alsaciens vont à leur tour, bloquer les routes ce mercredi 24 janvier pour dénoncer les nouvelles règles imposées à leur profession. La mobilisation doit débuter ce mercredi à midi et durer jusqu'à jeudi soir.
Gérard Lorber, secrétaire général de la FDSEA du Bas-Rhin.
A quoi doit-on s'attendre dans le Bas-Rhin pour ces deux prochains jours ?
Dans ces deux prochains jours, les agriculteurs viendront des quatre coins du Bas-Rhin pour se rejoindre sur l’A35 à hauteur de Strasbourg, à hauteur du cimetière militaire, pour ceux qui connaissent un peu. Et donc là, on fera un seating sur l'autoroute, sur les deux côtés, pendant 24 heures.
Vous dites des quatre coins du Bas-Rhin, on attend combien de tracteurs, combien aujourd'hui ?
Environ 400 tracteurs. Et au moins autant d'agriculteurs, voire plus, parce que quelques-uns nous rejoindront par d'autres moyens.
Les convois ont-ils déjà démarré ce matin ?
Non. Peut-être dans les fermes, il y a des premiers rassemblements. Les premiers, les convois les plus éloignés. Eux, ils vont partir vers les 10h30, je crois, de tête. Moi, étant du sud, on partira vers 13h00. Rendez-vous chez nous dans le canton, ça va être vers midi, et on partira vers 13h00.
Alors, plus de normes, des rémunérations faibles, des charges en hausse, c'est un manque de reconnaissance. Les revendications sont multiples pour les agriculteurs de toute l'Europe. En Alsace, est-ce qu'il y a une urgence ? Vous, en tant qu'agriculteur alsacien, est-ce qu'il y a une priorité ?
Pourquoi est-ce qu'on est insatisfait comme ça ? Qu'est-ce qui fait la grogne de l'agriculture ? Déjà, on est début de l'année. Le début de l'année, c'est le temps des comptes de l'année écoulée. On voit des nouvelles charges arriver et en contrepartie, qu'est-ce qu'on voit ? Des baisses de prix partout, des gouvernants qui parlent en même temps. En même temps, il faut qu'on soit compétitifs, en même temps, il faut qu'on soit propres, en même temps, on doit produire de façon écologique et tout ce qu'on veut. Et en même temps, il faut baisser le prix pour préserver le pouvoir d'achat, pour contenir l'inflation. Nous, en même temps, on ne peut pas faire. Ce n'est pas possible. À un moment donné, notre travail a un prix. Aujourd'hui, le prix du lait, le premier groupe laitier Lactalis annonce à 410 €, là où les autres sont encore certains à 440. Il ne faut pas déconner. Aujourd'hui, on ne peut pas imaginer une brique de lait à 90 centimes. A 90 centimes, de l'autre côté, vous avez un staff qui fait le lait. Donc ça, ça ne marche plus. Avec ça, vous passez votre vie au bureau, vous vous cassez la tête à pouvoir sortir les déjections quand tu es éleveur. On t'oblige à faire de la jachère alors que tu as des années où ça produit un peu plus et tu peux faire du stock pour des années où ça produit un peu moins. Et là, on te dit : Non, il faut que tu fasses 4% de JHA. Pour quelles raisons ? Je n'en sais rien. Mais en tout cas, là, tout ça, c'est chaud. Nous, le monde agricole, on n'en peut plus. Ce n'est pas comme ça qu'on peut gérer. Ce n'est pas comme ça qu'on va avoir demain une agriculture pour nos générations futures, que ce soit la population générale. Il y a nos agriculteurs. Si demain on veut encore une agriculture, ce n’est pas comme ça qu'on y arrivera. Et nous, on dit : Halte là avant que ce soit trop tard.
Gabriel Attal, le Premier ministre, a une nouvelle fois, montré son soutien à la profession hier lors des questions au gouvernement. Des annonces doivent arriver avant la fin de la semaine. Est-ce que vous, au niveau de la FDSEA, pour l'instant, vous avez un début de retour de solution ou hormis « on vous comprend », « on vous entend », vous n'avez pas eu grand-chose pour le moment ?
« On vous comprend », le général de Gaulle l'a dit il y a 50 ans, quoi. Mais aujourd'hui, on vous comprend, mais on ne voit rien. Parce que mine de rien, l'action, elle n'est pas toute neuve. Enfin, c'était mi-novembre. On avait lancé l’opération : « on marche sur la tête » avec les jeunes agriculteurs. On avait retourné les panneaux, souvenez-vous. Et entre-temps, qu'est-ce qui s'est passé ? Entre-temps, il ne s'est passé rien. Il ne s'est rien passé. Aujourd'hui, on passe à l'étape supérieure. La profession passe à l'étape supérieure par rapport à des revendications qui ont été formulées au mois de novembre et qui, jusqu'à aujourd'hui, sont restées sans suite. Donc, il ne faut pas s'étonner. Pour l'instant, il n'y a rien. On nous annonce des choses concrètes avant la fin de la semaine, mais il faut des choses concrètes en France et en Europe.