Moselle : Les salons de coiffure peinent à garder leur éclat face à la crise économique
Forte concurrence, hausse des coûts, remboursement des aides Covid, les coiffeurs traversent une crise depuis plusieurs années. 49% de faillites en plus en 2023, selon une étude de Ouest France, un chiffre qui ne cesse d'augmenter. On fait le point sur la situation en Moselle.
Liliane Lind, présidente de l'Union nationale des entreprises de coiffure à Metz.
Ça fait 42 ans que vous avez un salon de coiffure. Vous avez vu le contexte social et économique changer tout au long de ces années. Est-ce qu'on peut faire un constat ? Comment se portent les coiffeurs aujourd'hui en Moselle ?
On essaye de se relever de ce Covid qui était un peu difficile, mais le démarrage cette année s'annonce plus positif. C'est vrai que les modes ont changé, que la conjoncture a changé, mais on essaye de redynamiser et de rendre indispensable le passage par la coiffure.
Est-ce qu'aujourd'hui, on a en Moselle plus de salons, moins de salons qu'avant ? Est-ce qu'on est plutôt tendance à l'ouverture ou tendance aux fermetures ?
Ça aussi, ça a changé parce qu'il y a de plus en plus de coiffeurs qui travaillent soit tout seuls, depuis le Covid, et soit beaucoup de jeunes veulent s'installer en autoentrepreneur, en microentreprise. Ça, c'est que tout le monde veut être chef à un moment donné. Et c'est ça qui a beaucoup changé. Pour ce qui concerne la fermeture des entreprises de factures, tout le monde arrive à la retraite et la transmission va être difficile parce qu'il est plus facile de faire une installation neuve que de transmettre. Les aides sont plus positives pour un nouveau salaire de transmission. Ça a commencé avant le COVID déjà, que plusieurs salons ferment. Avec le COVID, ça ne s'est pas arrangé. Il faut dire qu'aussi, les salons qui ferment, ils étaient déjà en difficulté. Certains ont utilisé le TGE qui a permis de rebondir un petit peu pendant le COVID. Après c'est la gestion de chaque salon qui joue. Mais c'est surtout, je pense, beaucoup de chefs d'entreprises sont en retraite et n'arrivent pas à trouver la succession derrière parce que les jeunes s'installent plutôt de leur côté.
Est-ce qu'il y a des difficultés de recrutement aussi sur ces salons, peut-être un peu plus importants ou il faudrait plus de main d'œuvre ?
Il faudrait déjà trouver de la bonne main d'œuvre, oui. Parce que ça aussi, nous étions encore en relation avec l'Académie d'Éducation Nationale pour voir un peu la Chambre des métiers, pour voir comment on pouvait rendre plus attractif et surtout plus responsable le fait de faire un métier. Parce que nous avons quand même un beau métier, un métier qu'il faut avoir de la passion pour créer, pour tout ce qui est de plus artificiel. Et ça, ça manque un peu, mais en ce moment, c'est partout dans tous les métiers. On entend qu'il y a un problème.
Est-ce que les gens vont toujours autant chez le coiffeur qu’il y a 20 ans, 30 ans ?
Non, je peux dire qu'avant, on avait des clients toute la semaine, on avait des clients plus réguliers que là. D'ici le COVID, les réseaux sociaux, tout ça n'a pas joué en notre faveur. Il n'y a plus de création. Tout devient plus simple. Je sais que si vous regardez, moi je regarde souvent dès que je vois à la télé ou n'importe où, je regarde les cheveux. Et c'est triste de voir que personne ne fait plus trop attention au paraître. Donc ça, ça reste un peu un souci en ce moment. Les coiffures sont devenues très simples. Le lissage, le fait de ne pas être coiffé, les gens ont changé leurs habitudes.