Agriculture, transport, lycée… Franck Leroy fait le point sur les dossiers du moment dans la région Grand Est
L’actualité est riche pour la Région en cette rentrée et sur différentes thématiques : l'agriculture, les transports et l'éducation nationale. C’est ce qu’on va évoquer Franck Leroy, président de la Région Grand-Est.
Son N°1 - Agriculture, transport, lycée… Franck Leroy fait le point sur les dossiers du moment dans la région Grand Est
Agriculture
Les agriculteurs sont touchés par la fièvre catarrhale et sans doute l’arrivée prochaine de la peste porcine. Qu’en est-il dans la région actuellement ? Des mesures vont-elles être prises ?
2024 est une année vraiment très difficile. La moisson a été catastrophique, c’est la plus mauvaise depuis 40 ans, et vient s’ajouter aujourd’hui effectivement ces phénomènes épidémiques, notamment la fièvre catarrhale ovine qui touche les élevages ovins, qui touche un peu les élevages bovins, on a aussi des menaces sur la peste porcine qui est en Allemagne aujourd’hui, et qui pourrait passer chez nous… On a un monde agricole qui est véritablement dans l’œil du cyclone, qui cumule les crises terribles, et il faut être absolument en accompagnement de la filière élevage qui rencontre des difficultés exceptionnelles dont on ne peut pas mesurer encore les conséquences puisque certaines de ces conséquences ne seront détectables qu’à la fin de l’automne et au début de l’hiver. Il faut donc mobiliser les pouvoirs publics, la Région sera évidemment au rendez-vous, et puis le monde bancaire qui va avoir un rôle important à jouer.
Vous allez aussi peut-être lever des fonds pour les agriculteurs ?
Oui, très certainement par la mise en place de fonds de garantie pour notamment accompagner la trésorerie d’un certain nombre d’exploitation qui vont être en difficulté, je pense notamment aux jeunes agriculteurs, ceux qui se sont installés il y a 3 ou 4 ans et qui n’ont peut-être pas encore la solidité des installations les plus anciennes.
Transports
Dans le domaine du transport, il y a en ce moment les premiers tests du premier train régional hybride sur la ligne Strasbourg-Sarreguemines. Qu’est-ce qu’on attend de ce train et quels sont les premiers retours de ces tests ?
Alors, ça fonctionne plutôt bien. L’idée, c’est de faire en sorte que des trains qui fonctionnent en diesel, on n’a pas des lignes électrifiées partout, dans les lignes rurales ce sont souvent des trains qui fonctionnent au diesel, basculent maintenant sur un mode hybride avec des batteries électriques, ce qui permet évidemment d’améliorer l’empreinte carbone de ces trains. Ça fonctionne donc plutôt bien, c’est un investissement que nous avons fait avec d’autres régions françaises, ces trains étaient avant en Occitanie, maintenant ils sont venus chez nous, ça fait partie, j’allais dire, de la nécessaire modernisation de la flotte ferroviaire puisque nous achetons de nombreux automoteurs et trains chaque année. Nous devons diversifier la nature de ces équipements et l’hybridation des moteurs est une solution. Et puis, arrive derrière des trains plus légers type Draisy, qui eux, vont être des trains complètement électrifiés, sans besoin de lignes électriques, avec un système de recharge en gare, donc on voit bien que la technologie évolue comme dans le monde de la voiture.
Vous avez des objectifs ?
Les objectifs financiers, c’est d’abord d’avoir suffisamment de trains pour faire circuler de plus en plus de trains dans la région. Depuis que la Région Grand-Est existe, il y a, à peu près, 25% de trains en plus, et c’est évidemment une croissance forte du nombre d’usagers. On a une région qui est vraiment en pointe sur le sujet, mais qui doit faire évoluer son matériel roulant, parce qu’évidemment l’effort de décarbonation doit être général, les coûts seront aussi une question importante, les charges d’exploitation sont plus importantes sur des trains à énergie carbonée et que sur des trains électriques demain, l’empreinte carbone est meilleure. Donc on se doit, mais c’est un effort qu’on fait sur du long terme, la flotte va changer au cours de ces 10-15-20 prochaines années.
L’UFC Que Choisir a pointé du doigt la qualité des services, les retards des TER. Le Grand Est se place en huitième position sur 11 régions. Quelle est votre réaction ?
Nous, on a une situation particulière. Si nos trains sont en retard, c’est parce que nous avons demandé à SNCF Réseaux de faire énormément de travaux sur nos lignes. Pourquoi ? Parce que les infrastructures ont été abandonnées pendant 30 ou 40 ans. Il est donc normal qu’on ait un taux de retard sur certains trains, tout simplement parce qu’il faut que les travaux se fassent. Pour autant, on n’a jamais eu autant de monde dans nos trains, et on n’a jamais eu autant de trains sur nos rails, ce qui signifie qu’on est dans une période de croissance très forte, qui certes, subit des aléas liés à ces travaux, mais ces travaux ont pour objectif demain, d’avoir des infrastructures remises à neuf, qui garantira, non seulement, la pérennité du train, mais aussi la performance du train dans les années qui viennent. Donc, il faut, et c’est toujours difficile à entendre, il faut accepter de temps en temps d’avoir des taux dégradés de ponctualité, parce que les travaux sont nécessaires, et ce sont ces travaux qui garantiront la pérennité des lignes et la performance future.
Est-ce que vous imaginez indemniser les usagers impactés, comme ça peut se faire dans certaines régions ?
Non, ce n’est pas envisageable, parce que d’abord ces travaux sont parfois longs, et il n’y a pas une région qui n’est pas confrontée à ce problème. On a sacrifié le train pendant 40 à 50 ans en France, au profit du tout TGV, maintenant les Régions, un peu partout, sont en train d’entreprendre des programmes de travaux qui visent à restaurer la qualité de l’infrastructure, qui est la condition sine qua non pour que demain on ait des trains qui fonctionnent beaucoup mieux, et encore plus de trains sur nos lignes. On ne peut pas investir à la fois autant qu’on le fait et indemniser des usagers alors que ces travaux sont absolument indispensables pour garantir leur service.
Education
Vous gérez les lycées, la rentrée vient de se faire. Quelles sont vos priorités ?
D’abord la rentrée s’est bien passée, il faut le dire. Partout, elle s’est bien déroulée, on n’a pas eu le stress et les difficultés d’ordinaire. Les plans de transport ont été globalement respectés, vous savez qu’il y a toujours une inquiétude sur le transport scolaire avec la pénurie de conducteurs de bus, ça c’est moins ressenti cette année, donc ça c’est positif. J’ai pu enregistrer, pour avoir sillonné la région d’Ouest en Est, que tout s’est bien passé, le niveau d’investissement est au rendez-vous. Ces investissements portent, par exemple, sur la qualité des restaurants scolaires, sur la qualité des internats, je rappelle que l’internat est à 1 euro dans notre région, et c’est la seule région qui produit cette région budgétaire extrêmement important. Et puis, dans les campus agricoles et autres, on voit les investissements qui ont été réalisés, qui donnent le moral à tout le monde, et qui permettent surtout à nos enseignants et à nos apprenants d’être dans des conditions optimales.