En l'absence de budget, le secteur du bâtiment est inquiet pour l'avenir
Il y a quelques jours, les 11 présidents et présidentes des Fédérations Françaises du Bâtiment Régionale et Départementales ont tiré la sonnette d’alarme concernant la situation alarmante dans laquelle se retrouve leur secteur. Quelles sont leurs inquiétudes ? On en parlait dans le Grand Réveil avec notre invité.
Son N°1 - En l'absence de budget, le secteur du bâtiment est inquiet pour l'avenir
Pierre Schaeffer – président de la Fédération du BTP de Moselle
Dans un communiqué commun, les présidents de Fédération parlent d’une situation qui menace l’avenir des entreprises et les emplois de leurs salariés. Quel est le problème auquel vous êtes confronté ?
Nous sommes très inquiets. C’est une inquiétude qui est partagée par l’ensemble des chefs d’entreprise du bâtiment. Nous sommes confrontés à une situation qui est alarmante et qui menace l’avenir de nos entreprises et de nos emplois. C’est la raison pour laquelle nous avons fait un communiqué de presse pour alerter les pouvoirs publics et les pouvoirs régionaux de cette situation.
Justement, quelle est la situation ?
On est confronté à une absence de perspective claire et à une instabilité politique qui est persistante. Au niveau des constructions de logements neufs, on est en Moselle à 4100 logements sur un an contre 5500 l’année précédente. Au niveau national c’est 240 000 logements sur un an contre 400 000 l’année précédente, donc vous voyez qu’il y a un déficit important de logements qui ne sont pas construits malheureusement et bien sûr le non-résidentiel neuf est à un niveau très très bas à l’heure actuelle également. On est sur une année, en Moselle, à une perte de 500 emplois, c’est quand même très important. Des défaillances d’entreprises également, on est de l’ordre de 260 défaillances d’entreprises en Moselle ce qui est très inquiétant. En France, c’est 34 000 emplois sur un an qui ont été supprimés et 16 000 défaillances d’entreprises sur un an soit une moyenne de 1 300 emplois de perdus mensuellement et si on ne fait rien nous serons revenus au niveau de 2015 si aucune mesure significative n’est prise.
Une situation particulièrement difficile puisqu’elle intervient après des années de difficulté. Depuis 2020, le secteur du BTP est en tension ? Qu’est-ce qui explique ça ?
On a été confronté au Covid, après il y a eu une sortie de Covid où ça a redémarré mais la situation est surtout due à l’heure actuelle à une instabilité politique et à des décisions qui ne sont pas prises. On appelle à des mesures qui doivent être immédiates comme le financement des aides à la rénovation énergétique, avec un accompagnement pour qu’elle soit enfin respectée parce qu’il y a des effets d’annonces, mais malheureusement, ce n’est pas pérenne. Un soutien aux bailleurs sociaux pour qu’ils soient en capacité de construire des logements neufs, mais également d’améliorer les logements existants, on a également l’extension du prêt à taux 0 dans tous les logements. Ce sont des mesures qui sont fondamentales. Et bien sûr, ce soutien aux collectivités locales pour qu’elles continuent d’investir et ainsi relancer des marchés publics. On a également un problème sur la TVA, sur les chaudières gaz, qui devraient repasser à 5,5% et c’est quand même quelque chose d’essentiel également. Enfin, le maintien des aides nationales pour l’apprentissage.
Comment faire pour vous faire entendre ? Il y a eu ce communiqué, vous espérez que ça arrive aux oreilles du gouvernement ?
Nous communiquons avec les élus nationaux et régionaux pour que la situation se débloque mais il est impératif que nous ayons une stabilité politique en France parce que sans stabilité politique il n’y a pas de relance, il n’y aura pas d’investissement, tout est à l’arrêt à l’heure actuelle et on n’a pas de visibilité, il faut impérativement qu’un budget soit voté dans les plus brefs délais pour qu’on avance.