Épisode du lundi 8 septembre 2025 à 09:45
On racontait fréquemment aux enfants ou aux gamins turbulents que s’ils s’éloignaient du domicile, ils allaient croiser le Hokemann qui les emmèneraient avec lui pour toujours.
Rien que l’évocation de son nom faisait frémir tout le monde.
À quoi ressemble-t-il ?
C’est un personnage mythique complexe qui fait référence aux esprits de l’eau. Selon la légende, il vivait dans la rivière. Il doit son nom au crochet qu’il porte à la main droite. Avec un harpon ou un crochet, il tirait les enfants qui s’approchaient trop près de la rivière ou d’un puits du village.
Selon les villages, il ressemble à un petit homme avec une barbe hirsute, vêtu de haillons et le corps recouvert d’algues.
Pourquoi il sévit ?
Équivalent à un Hans Trapp ou Hans Peter, c’était un moyen persuasif pour canaliser la jeunesse turbulente et aussi un argument dissuasif pour les enfants de s’approcher de la Sarre et de risquer d’y tomber. Les enfants étaient très « encadrés » : chaque soir, on récitait le chapelet à l’église et après l’angélus, plus aucun enfant ne devait traîner dehors.
L’homme au crochet fait effectivement partie des légendes urbaines, connu dans de nombreux pays.
Une légende très ancienne
Un témoignage du VIIe siècle ap JC indique que si l'on entrait dans une eau habitée par les démons, on était soudain enlacé par des cordes fantomatiques et on perdait cruellement la vie.
Ce mythe est ancestral, vraisemblablement d’origine franque, fortement attaché aux régions du Rhin. Étymologiquement venant de l’allemand Krampe, le crochet, il est rattaché à l’ancienne racine indo-européenne gremp signifiant plier, courber. Il attrapait les enfants qui s’approchaient trop près des berges avec son crochet et les emmenait avec lui au fond de l’eau.
Que symbolise-t-il ?
Le croque-mitaine est une histoire que nous connaissons tous, de près, ou de loin. Nous avons tous des parents, grands-parents, qui nous ont prévenu qu’il ne fallait pas s’aventurer dans certains endroits au risque de le croiser. Une explication rationnelle pourrait expliquer l’existence de ces épouvantails : notre crainte. En effet, le croque-mitaine se manifeste souvent dans des lieux sombres, sales, dangereux, des lieux peu fréquentables, dans lesquels nous ne devrions pas croiser d’enfants. Près des rivières, lorsque la nuit tombe, quand un lieu présente une menace quelconque pour les enfants, le croque-mitaine semble être l’outil, l’agent idéal pour éviter les mauvaises aventures. Difficile en effet, dans la société rurale d’autrefois, de veiller sur les plus jeunes tandis que les parents sont occupés aux champs.
Le hokemann aura effrayé nombre d’enfants, mais la peur de cet épouvantail aquatique aura aussi sauvé de la noyade plus d’un d’entre eux.
Chronique réalisée par Gilles Weiskircher.