Les travailleurs frontaliers ont fait entendre leur voix à Sarreguemines
Les manifestants, menés par le Comité de Défense des travailleurs frontaliers, se sont avancés à la frontière avant de se rendre à la sous-préfecture de Sarreguemines.
Son N°1 - Les travailleurs frontaliers ont fait entendre leur voix à Sarreguemines
Chers amis permettez-moi de vous remercier de tout cœur d’être venus aujourd’hui en masse pour dénoncer les injustices et les discriminations qui frappent le monde frontalier.
À quelques centaines de mètres de Hanweiler, et de la frontière franco-allemande, Arsène Shmitt, président du Comité de Défense des Travailleurs frontaliers prend la parole. Comme beaucoup, il dénonce les règles imposées par l’Allemagne depuis un mois…
Berlin est complètement déconnecté des réalités. Il faut quand même prendre en considération nos territoires. Donc les habitants de Moselle avec les Sarrois font partie du même bassin de vie. Donc il y a un brassage des populations. Si on est tellement contaminants, pourquoi les Allemands peuvent venir faire leurs courses chez nous sans test et rentrer le soir dans un rayon de 30 kilomètres ?
Dans la foule se dressent d’immenses cotons tiges en bois, similaires à ceux utilisés pour les tests antigéniques. Ils sont l’une des grandes raisons de la colère des travailleurs. "Abolition des tests !" scande Arsène Schmitt au micro.
A ses côtés, Marc Zingraff, le maire de Sarreguemines prendra aussi la parole. Il est venu soutenir les manifestants :
On peut comprendre leur embarras au quotidien. En tant que maire à Sarreguemines, on gère une situation extrêmement difficile. Et il est vrai que les chiffres que nous constatons, même s’il faut être très prudent et respecter toutes les normes sanitaires. Eh bien, ces chiffres nous montrent que l’on pourrait faire autrement et permettre aux gens de vivre plus facilement.
"La vie du frontalier, c'est Boulot, Test, Dodo"
Vivre plus facilement, c'est sans doute ce que demandent les centaines de personnes réunies en cet après-midi ensoleillé. Au loin, Renate observe le discours. Elle est allemande, et regrette les décisions prises :
Ce qui me révolte moi, c’est que les gens, ils sont l’un contre l’autre. On parle des allemands, on parle des Français... Je trouve ça triste.
Dans sa famille, on est également confrontés à des contraintes liées aux tests :
Par exemple, j’ai mes petits-enfants qui sont au franco-allemand à Sarrebruck. Ils prennent toujours le bus pour aller à Sarreguemines. Ce n'est plus possible maintenant. Maintenant il faut un test, ou alors, ma fille qui habite à Sarreguemines doit faire tout le tour et les récupérer à Grosbliederstroff.
De son côté, Jean-Marc travaille près de Sarrelouis :
J’ai la chance, si je ne peux pas faire le test, de pouvoir être à la maison en télétravail. Mais j’ai des collègues qui sont ouvriers, qui font trois postes matin, midi et nuit et eux doivent s’organiser en dehors des heures de travail pour aller se faire tester, et avoir le droit de travailler. Je trouve ça révoltant.
Un peu plus tard, il s'approche comme tous les autres vers la frontière. Devant les policiers allemands et douaniers. Pour se faire entendre, et faire entendre aux gouvernements des deux pays leur désarroi. Arsène Schmitt déplore la position du Land de Sarre et de Paris. Il revient même sur la visite du Secrétaire d’Etat chargé des affaires européennes au début du mois :
Clément Beaune lors de sa visite m’avait dit « Oui on a évité la fermeture des frontières ». Mais c’est pire que l’année dernière ! L’année dernière on avait une dérogation, on allait travailler et on rentrait le soir tranquille. Maintenant monsieur le ministre mettez vous à la place du travailleur frontalier qui part le matin à 5 heures pour prendre son poste à 6 heures. Il est parti de chez lui pour dix, douze, quatorze heures. Et le soir en rentrant il faut qu’il chercher un labo, une pharmacie, un centre de dépistage pour se faire tester. Mais c’est plus une vie. Aujourd’hui, la vie du frontalier c’est : Boulot, Test, Dodo.
Face à face calme avec la police
Devant la police, travailleurs frontaliers et gilets jaunes appellent à la "Liberté". Pour autant, le face à face reste calme. Mais trop éphémère selon certaines personnes sur place : « Il faut rester ici » clament plusieurs d’entre elles alors que les organisateurs appellent à faire demi-tour.
Le cortège se dirige alors vers la sous-préfecture de Sarreguemines où quatre représentants du Comité de Défense des Travailleurs frontaliers sont autorisés à entrer pour remettre leur résolution. Avant que la manifestation ne se termine aux alentours de 16 heures.
Au total, ce sont entre 500 et 1000 personnes qui étaient réunies cet après-midi.