Troubles du sommeil : comment les détecter ? Quand consulter ? Quels traitements ?
Aujourd’hui c’est la journée mondiale du sommeil, à cette occasion on s’intéresse au centre du sommeil BioSerenity de Metz installé depuis quelques mois à l’hôpital de Mercy.
Son N°1 - Troubles du sommeil : comment les détecter ? Quand consulter ? Quels traitements ?
Pr Patrick Lévy, directeur des centres BioSerenity en France
Votre mission est de diagnostiquer et d’organiser le suivi de patients atteints d’éventuels troubles du sommeil, c’est-à-dire, comment ça fonctionne ?
En fait ça fonctionne sur 2 grands axes : une consultation, évidemment il faut voir ses patients, les écouter, voir quelle est leur plainte, de quoi ils se plaignent, pourquoi il faut investiguer leur sommeil. Ça peut être aussi pour des raisons médicales parce qu’on sait qu’un certain nombre de pathologies sont associées à des troubles du sommeil. Puis après évidemment il y a l’enregistrement polysomnographique, ça veut dire qu’on colle des électrodes sur le crâne, on colle un certain nombre de capteurs et on enregistre la nuit. Parfois aussi la journée mais l’examen de base c’est un examen de votre sommeil la nuit. Et sur cette base-là on fait un diagnostic et on peut proposer un traitement.
Quels sont les troubles les plus fréquents ?
Alors déjà il faut se rappeler que beaucoup de personnes se plaignent de leur sommeil et ça c’est un peu lié aux conditions de vie c’est-à-dire le fait que de nombreuses personnes aient des difficultés, un travail stressant etc. Ça, ça peut entraîner des troubles passagers du sommeil des insomnies occasionnelles, des choses comme ça. Ce dont on parle là c’est plus des maladies du sommeil et là on va avoir surtout l’insomnie chronique, à peu près 10% de la population française, et puis le syndrome d’apnée du sommeil, des gens qui s’arrêtent de respirer la nuit et ça c’est à peu près 5% de la population française, ça va augmenter un peu avec le vieillissement.
Comment reconnaître les troubles du sommeil, c’est-à-dire comment on fait la différence entre le fait d’avoir peut-être juste un sommeil un peu léger et à quel moment on parle de troubles ?
Il y a deux différences : une différence temporelle. Si ça vous arrive une fois de temps en temps, ce n’est pas tout à fait la même chose que si vous souffrez de ça depuis des semaines, des mois ou des années. Et puis la différence la plus importante c’est celle de « est-ce que ça altère votre fonctionnement la journée ? ». Finalement quand vous êtes privés de sommeil, involontairement, la question c’est « est-ce que le lendemain vous allez être en forme ? ». Si vraiment vous n’avez aucun symptôme la journée, c’est-à-dire que vous êtes parfaitement fonctionnel, vous n’avez pas de somnolence, vous n’êtes pas irritable. AU fond, ce n’est pas si grave que ça. C’est vraiment un élément important de voir s’il y a des répercutions la journée de ce qui se passe la nuit.
Comment soigner les troubles du sommeil ?
Déjà, ça dépend. Si vous prenez l’insomnie, pendant très longtemps on a beaucoup donné de somnifères, ce qu’on appelle nous des hypnotiques, ça ne veut pas dire qu’il ne faille pas les utiliser mais on se rend compte que ce n’est probablement pas une solution très durable. Et aujourd’hui on est plutôt sur des éléments de prise en charge de notre psychisme, des espèces de conditionnement psychiques qui font un peu baisser la pression sur le sommeil. Remettre aussi des éléments d’éducation autour du sommeil ça c’est aussi très important et en général ça va marcher, ça peut prendre un peu de temps mais ça va marcher. Et pour le deuxième grand type de maladie, le syndrome d’apnée du sommeil, là on va traiter les gens en supprimant les arrêtes respiratoires au cours du sommeil et le traitement principal c’est ce qu’on appelle la pression positive continue, ça consiste à dormir la nuit avec un masque sur le nez qui va nous empêcher de faire des apnées.
Un conseil pour bien dormir ?
La première chose ce serait de respecter son sommeil. Beaucoup de gens pensent que ce n’est pas si important que ça de dormir. C’est très important pour sa santé psychique, pour son fonctionnement cérébral et pour globalement l’ensemble de notre organisme. Il y a un certain nombre d’éléments simples d’hygiène du sommeil, des choses assez basiques : pas faire d’exercice à 20h le soir, prendre le temps de créer une zone de calme entre la journée et la nuit.
La 2ème chose c’est d’essayer de ritualiser le sommeil, c’est-à-dire se prendre le temps à telle heure de préparer son sommeil. Ce sont des choses assez simples qui nécessitent de se connaître soi-même. C’est peut-être le plus important en matière de santé.