Nombre, lieux, dangerosité... Que sait-on des tiques dans le pays de Bitche ?
L’observatoire Hommes-Milieux du pays du pays de Bitche et la médiathèque Joseph-Schaefer proposent une conférence sur les tiques au Pays de Bitche ce vendredi soir à 20h à la médiathèque de Bitche.
Son N°1 - Nombre, lieux, dangerosité... Que sait-on des tiques dans le pays de Bitche ?
Pascale Bauda – Professeur de microbiologie à l’université de Lorraine et directrice adjointe de l’observatoire Hommes-Milieux du pays de Bitche.
Vous avez mené une enquête sur la présence des tiques dans le Pays de Bitche et plus précisément à Achen et Eguelshardt. Pour commencer pouvez-vous nous expliquer l’origine de ce projet ?
Les tiques sont une problématique de santé publique. Elles portent des pathogènes pour l’Homme : le plus connu celui de la maladie de Lyme. En France, on observe sur le territoire de grandes disparités d’incidence de cette maladie de Lyme sans qu’on puisse bien expliquer pourquoi on a ces différences. Le pays de Bitche, avec l’Alsace-Lorraine fait partie d’une zone où cette maladie est souvent diagnostiquée. Dans le cadre de l’OHM avec le soutien du CNRS, et avec des collègues des universités de Lorraine et de Strasbourg, on a exploité les diversités de paysage au niveau du territoire du pays de Bitche en particulier sur les zones d’Achen et d’Eguelshardt. Achen c’est une zone où le sol est suffisamment riche pour permettre des activités agricoles, ce qui rend le paysage assez fragmenté avec des patchs de forêts. Sur Eguelshardt à l’inverse, on a un sol gréseux plus pauvre où on a essentiellement un couvert forestier. Donc deux zones contrastées et sur ces zones on a sélectionné des habitats identiques : des vergers, des prairies, des zones humides, des forêts où on a analysé l’abondance des tiques, des pathogènes, pour mieux comprendre leur répartition et les facteurs qui contrôlent cette répartition.
Qu’est ce qui ressort de vos recherches, est-ce qu’il y a beaucoup de tiques dans le bitcherland ?
On a effectué 4 campagnes de collecte en juin 2020 et avril-mai-juin 2021. On apprend déjà qu’il y a un effet saisonnier sur l’abondance des tiques, avec une abondance plus importante au printemps. On apprend que 18% d’entre elles en moyenne sont porteuses de pathogènes pour l’Homme. Et, de manière plutôt inattendue on a observé des abondances de tiques plus importantes sur la région d’Achen qui est un paysage fragmenté comme si dans les zones de forêt étudiées on avait une concentration des tiques alors qu’elles sont plus diluées sur la région d’Eguelshardt avec son important couvert forestier.
Est-ce en forêt qu'il y a plus de tiques comme on peut le penser ?
C’est effectivement en forêt qu’on en a observé le plus. Ce que je veux dire, c’est que ces forêts étant restreintes sur Achen, on observe une concentration plus importante des tiques. Les forêts sont effectivement les plus touchées avec les zones humides.
Pour terminer, concrètement si je me fais mordre par une tique : est-ce que je dois m’inquiéter ? quels réflexes je dois avoir ? Est-ce que c'est dangereux ?
Il faut y faire attention parce que les risques pour la santé sont graves donc il faut se protéger : porter des vêtements utiliser éventuellement des répulsifs, s’observer au retour de promenade. C’est probablement les activités de loisirs qui sont un des facteurs d’exposition les plus importants pour la forêt par exemple.
Si on se fait mordre, il faut bien sûr retirer la tique avec une pince, désinfecter la zone de la morsure, ensuite surveiller pendant les jours qui suivent l’apparition d’une trace rouge sur la peau, de quelques centimètres de diamètre, c’est ce qu’on appelle un érythème migrant. Et si on en observe il faut consulter pour avoir un traitement antibiotique adéquat.
Si vous voulez en savoir plus sur les tiques rendez-vous ce soir à 20h à la médiathèque Joseph Schaefer de Bitche.