L'activité économique face à une croissance au ralenti... Quelles conséquences pour les entreprises ?
Dans le cadre de l’animation économique des territoires, Moselle Attractivité, en partenariat avec la Région Grand Est, la Banque de France, la communauté d’agglomération Forbach Porte de France et la ville de Forbach, ont présenté un bilan de l’activité des entreprises dans le Grand Est. 1698 entreprises ont répondu à cette enquête. Il s'agissait de faire le point sur l'année écoulée et de dresser les perspectives en 2024 dans différents domaines. Jean-Michel Clavié, directeur de la Banque de France de Moselle, nous résume ce qu'il faut retenir.
Les difficultés de recrutement
L'un des premiers points soulevés est l'emploi de manière générale. Aujourd'hui, en France, 350 000 postes sont non pourvus. 40% des entreprises sondées dans le Grand-Est avouent avoir du mal à recruter.
Son N°1 - L'activité économique face à une croissance au ralenti... Quelles conséquences pour les entreprises ?
On a du mal à retrouver des ressources qui soient immédiatement employables. Nous avons un certain nombre de personnes dans ce pays, qui, aujourd'hui, ne peuvent pas trouver d'emploi parce qu'elles sont dans l'incapacité de tenir un emploi, parce qu'elles en sont éloignées depuis trop longtemps et n'ont pas de formation suffisante de base pour simplement répondre aux besoins des chefs d'entreprise.
Malgré les progrès des formations en apprentissage, beaucoup de jeunes ne trouvent pas leur voie.
Son N°2 - L'activité économique face à une croissance au ralenti... Quelles conséquences pour les entreprises ?
La proportion des jeunes qu'on appelle les "ni en emploi, ni en éducation, ni en apprentissage" nous pose véritablement un souci, parce que ces jeunes-là, il ne faudrait pas que demain, on n'arrive pas à les récupérer pour les insérer complètement dans la vie d'adulte qu'ils sont promis à vivre, dans une certaine normalité.
Des défaillances d'entreprise en hausse
En 2023, dans l'Hexagone, il y a eu 55 996 défaillances d'entreprise. Cela signifie concrètement l'arrêt définitif de l'activité. Dans le Grand-Est, on en dénombre 4002 (+33% par rapport à 2022). Parmi ces défaillances, il y en a eu 620 en Moselle (+47%). Des données en forte augmentation, mais qui ne sont pas alarmantes.
Son N°3 - L'activité économique face à une croissance au ralenti... Quelles conséquences pour les entreprises ?
On est sur une période, où finalement, le marché des entreprises est en train de s'assainir. Les entreprises qui étaient presque moribondes il y a deux ans en arrière et qui n'étaient pas viables dans le temps, sont en train de mourir naturellement de leur belle mort. Ce n'est pas pour autant une catastrophe sur le secteur d'activité, on est simplement sur une normalisation des choses.
Effectivement, les aides obtenues suite à la crise sanitaire ont offert un sursis aux entreprises en difficulté. Les chiffres de 2023 correspondent au niveau connu en 2019. Les petits commerces, le bâtiment et l'hôtellerie/restauration sont particulièrement concernés.
Son N°4 - L'activité économique face à une croissance au ralenti... Quelles conséquences pour les entreprises ?
Le secteur hôtellerie/café/restaurant, c'est le secteur, qui actuellement, est le plus surveillé en termes de défaillance. C'est le deuxième secteur sur lequel nous constatons un bon nombre d'entreprises qui défaillent. Ce sont des petites structures, mais des petites structures qui disparaissent du champ de vision, et c'est toujours un drame bien évidemment.
2024, une année difficile pour la construction
Alors que dans la région, l'évolution de la production en 2023 était de 3.7%, allant même jusqu'à 4.5% pour le second oeuvre, et que les investissements allaient dans le même sens (+8.3%), et jusqu'à +21% pour le gros oeuvre, les prévisions pour l'année en cours sont pessimistes.
En 2024, 56% des entreprises évoquent une stabilisation des commandes. Le gros oeuvre ne voit que des diminutions (-9.8% d'investissements, -7.8% d'intérimaires, et -4.2% de production). L'une des grosses conséquences est le ralentissement de la promotion immobilière.
Son N°5 - L'activité économique face à une croissance au ralenti... Quelles conséquences pour les entreprises ?
Le fait que la promotion immobilière soit complètement à l'arrêt à l'heure actuelle, c'est un premier point d'inquiétude. Un deuxième point d'inquiétude aussi, c'est que la crise immobilière est arrivée au Luxembourg avant d'arriver en France, et du coup, les entreprises qui travaillent habituellement sur le secteur du Luxembourg ont besoin d'aller chercher des marchés, et viennent donc actuellement concurrencer nos propres entreprises sur le secteur mosellan et dans la région. Par ricochet, une fois que la promotion immobilière, on en a parlé, c'est tout le gros oeuvre qui arrive en priorité, et actuellement, on voit qu'on a des trous dans la raquette pour reconstituer les carnets de commande.
Si les prévisions sont à la baisse, c'est aussi à cause des taux directeurs.
Son N°6 - L'activité économique face à une croissance au ralenti... Quelles conséquences pour les entreprises ?
Tant que les taux directeurs n'évolueront pas à la baisse, cela freinera la demande des investisseurs, parce que, bien évidemment, cela réduit leur capacité d'endettement, ou leur capacité, leur choix. Si vous aviez la capacité, il y a deux ans en arrière, d'investir dans un T3 et qu'aujourd'hui vous ne pouvez plus qu'investir dans un T2 bis, ça peut vous contraindre.
Seul le second oeuvre s'en sort un peu mieux, malgré là aussi des diminutions, il peut compter sur le parc ancien qui a besoin d'être rénové, notamment grâce aux dispositifs d'aides de l'Etat.
L'industrie en Moselle se démarque
Les investissements ont été importants en 2023, avec une hausse de 17% par rapport à 2022. Pourtant les résultats n'ont pas été aussi performants dans la région en termes de chiffre d'affaire. Seuls les départements de la Marne (grâce au champagne) et la Moselle s'en sortent le mieux avec une hausse de 6.7% pour ce dernier.
Son N°7 - L'activité économique face à une croissance au ralenti... Quelles conséquences pour les entreprises ?
Le département de la Moselle, contre toute attente par rapport aux autres départements du Grand-Est, s'en sort beaucoup mieux vis-à-vis de l'exportation. Les chiffres à l'exportation se sont très très nettement améliorés au cours de l'année écoulée.
Toujours dans ce secteur d'activité, l'industrie chimique et la métallurgie ont connu une baisse de leur CA allant de -10 à -15%. L'année 2024 ne s'arrangera pas.
Son N°8 - L'activité économique face à une croissance au ralenti... Quelles conséquences pour les entreprises ?
L'industrie chimique, à l'échelle internationale, est déjà en grande souffrance depuis 18 mois, voire 2 ans. Par ricochet, forcément, les industries chimiques qui sont installées chez nous sont dans la même mouvance, avec une insuffisance de la demande globale, d'une manière générale.