Moselle : ''Sur la rémunération'', les agriculteurs réclament des ''mesures concrètes''
Ce mercredi 3 avril, le projet de loi agricole a été présenté en Conseil des ministres. Il sera examiné par l’Assemblée nationale à partir du 13 mai avant d’aller au Sénat.
Marc Bodo - secrétaire général des jeunes agriculteurs de la Moselle.
Avant d’évoquer ce projet de loi, est-ce qu’il y a eu des mesures concrètes qui ont permis d’améliorer la situation des agriculteurs depuis les blocages fin janvier partout en France ?
Oui, on a eu quelques mesures, mais le fer de lance de nos manifestations, c’était la rémunération et aujourd’hui sur la rémunération, on a encore aucune mesure concrète.
Sur les quelques mesures, est-ce qu’il y a des choses marquantes ?
Oui, sur le GNR (Gazole non-routier) ou sur peut-être un respect de la loi Egalim. L’obligation des jachères, on a réussi à passer outre. Donc voilà on a eu quelques mesures, mais ce n'est pas des choses qui vont nous ramener concrètement de l’argent sur nos fermes.
Revenons sur ce texte. Il a fait beaucoup débat et a dû être retravaillé à plusieurs reprises. Il tourne autour de trois volets : la souveraineté, l’installation et la simplification. Qu’est-ce qui est le plus urgent selon vous ?
Pour moi, les trois sujets sont importants, mais on n’aura pas la souveraineté alimentaire si les agriculteurs ne gagnent pas leur vie, vous n’en aurez pas, l’installation, on n’installera pas des jeunes si on n’est pas rémunéré et la simplification, ce n’est pas parce que ça sera plus simple que les jeunes vont s’installer. Il faut vraiment qu’on puisse gagner notre vie et à partir de ce moment-là, on aura des agriculteurs et des jeunes qui voudront s’installer et vivre correctement.
Le ministre de l'Agriculture a annoncé le déploiement d’une « police unique de sécurité sanitaire des aliments ». Des contrôles renforcés ont eu lieu en Moselle dans des supermarchés. Avez-vous remarqué des changements ?
Pour les grands groupes leur donner quelques millions d’euros d’amendes au niveau national ce n’est pas grand-chose pour eux. D’après ce qu’on entend ils sont même prêt à payer des amendes et de passer outre la loi. Au niveau des importations, on importe aujourd’hui du blé ukrainien sans aucun contrôle, sans aucun droit de douane qui arrive pas à moitié prix, mais presque, que le blé, que nous, on produit, donc c’est un échec total.
La jeunesse va être poussée à mieux connaître votre secteur via des actions de découverte pour les primaires, des stages pour les collégiens et lycéens ou encore un « Bachelor Agro », un diplôme de niveau bac +3. Est-ce suffisant et efficace ?
C’est très bien. Mais le gouvernement a pris exemple sur les jeunes agriculteurs, c’est très bien de vouloir créer des vocations, mais c’est toujours pareil, il va falloir que les jeunes qui s’installent puissent gagner leur vie et on en est toujours là. Un métier qui est rémunéré, on aura toujours des jeunes, surtout l’agriculture, mais aujourd’hui ce n’est qu’un rêve. C’est très bien d’en parler, de former les jeunes, au contraire, il faudrait peut-être les former un peu plus à l’actualité, mais oui, c’est la rémunération qui fera que de toute façon.
Un réseau « France services agriculture » doit être créé dans chaque département afin de faciliter les liens avec l’État pour les porteurs de projet. Qu’en pensez-vous ?
Bien sûr, aujourd’hui que ce soit dans l’agricole ou ailleurs, on est toujours en train de délocaliser sur Metz ou en région et ramener nos actionnaires sur nos territoires au contact des agriculteurs, c'est un plus.
L’agriculture va être élevée à un rang de priorité nationale. Cela peut permettre d’accélérer des procédures et de sécuriser juridiquement certains projets. Mieux vaut tard que jamais que de juger l’agriculture comme priorité nationale ?
Celui qui n’est pas d’accord avec cette mesure-là, quand il ne trouvera plus rien dans son supermarché, il verra que l’agriculture, c’était quand même important. On pourra vivre peut-être sans électricité et sans portable, mais sans manger, on ne pourra pas vivre. Aujourd’hui, on a de plus en plus de néoruraux qui arrivent dans nos campagnes, et de sécuriser nos projets et notre outil de travail, c’est quand même important, car on est quand même bloqué, aujourd’hui, par beaucoup de personnes qui n’y connaissent rien à l’agriculture.