Grand-Est : Les personnes âgées de plus en plus isolées notamment dans le monde rural
L’association « Petits Frères des pauvres » tire la sonnette d’alarme sur les conditions de vie des personnes âgées en situation de précarité.
Son N°1 - Les personnes âgées de plus en plus isolées notamment dans le monde rural
Enzo Berny, coordinateur de développement social pour l’association « Petits Frères des pauvres ».
Au niveau national, 31% des 60 ans et plus en situation de pauvreté déclarent faire face à des difficultés pour payer les factures du quotidien. 37% des personnes âgées pauvres se sentent abandonnées au sein de la société. Qu’en est-il dans la région Grand-Est et particulièrement en Moselle et dans le Bas-Rhin ? Quelles sont les données marquantes ?
En effet, on remarque qu’au niveau national, on est à peu près à 14% sur l’ensemble de la population. Du côté de la Moselle et du Bas-Rhin, ce sont des données à peu près similaires pour les plus de 60 ans. On est entre 9% et 11% qui sont en situation de précarité, de pauvreté.
30 % des personnes âgées pauvres de la région n’ont pas Internet ou d’équipement numérique contre 18 % en moyenne nationale. Les liens amicaux sont aussi plus faibles dans le Grand-Est selon votre rapport. La ruralité est fortement touchée ?
Tout à fait, c’est exactement ça. Le problème de la ruralité, de l’accès au numérique, la pauvreté, qui ne permet pas aux personnes de pouvoir accéder à un abonnement Internet, des outils numériques à domicile, et du fait qu’il n’y est pas la proximité ou la possibilité d’être mobilisée jusqu’à un point numérique, c’est ce qui est compliqué dans la ruralité.
Cette population arrive-t-elle à se soigner, à obtenir des rendez-vous médicaux, à régler les soins ?
Cela fait écho au numérique. C’est de plus en plus compliqué. On connait le problème des déserts médicaux dans la ruralité. En plus de ça, il faut savoir qu’une personne sur dix, qui est en situation de pauvreté, qui n’a pas de complémentaire santé, et ne peut pas accéder à certains soins.
Aujourd’hui, comment intervenez-vous au quotidien auprès de cette population pour ne pas la laisser seule ?
Nous, le cœur de l’association depuis près de 80 ans, c’est de lutter contre l’isolement social, donc on a des bénévoles sur les différents territoires qui viennent à raison d’une fois par semaine rencontrer les personnes, créer du lien, et nous, notre travail, ça va être aussi de témoigner, d’alerter, les pouvoirs publics bien évidemment, mais également les partenaires locaux, sur des difficultés, sur des situations compliquées, c’est vraiment notre cœur d’action, en plus de la création du lien, qui est vraiment notre priorité.
Vous avez émis 20 préconisations pour améliorer la vie des personnes âgées pauvres. Quelles sont vos propositions prioritaires ?
La première proposition, c’est la revalorisation du minimum vieillesse. On se rend compte qu’aujourd’hui, le seuil de pauvreté est à 1216 euros, alors que le minimum vieillesse est à 1012 euros, il y a donc un delta de 200 euros. Notre association a lancé une pétition que vos auditeurs peuvent retrouver sur notre site internet pour permettre d’alerter le gouvernement sur cette problématique.
Ensuite, la deuxième proposition qu’on pourrait mettre en avant, c’est l’accès au droit qui est un vrai problème aujourd’hui. On se rend compte, encore plus dans la ruralité, qu’il y a énormément de personnes qui n’ont pas accès aux droits, qui n’ont pas connaissance des droits auxquels elles peuvent prétendre, c’est un vrai problème.
Si on veut vous vous soutenir, y a-t-il beaucoup d'antennes locales ? Avez-vous besoin de bénévoles ?
On a beaucoup d’antennes, et vous faites bien d’en parler, puisqu’on recherche des bénévoles dans votre secteur, dans le secteur de Forbach et de Boulay. Vous pouvez postuler sur notre site internet, ça redescend ensuite auprès de nos équipes, et on vous recontactera rapidement.