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Épisode du lundi 24 avril 2023 à 09:45
La Lorraine et l’Alsace sont deux régions particulièrement boisées, et comptent même un massif montagneux, qui fait office de frontière entre les deux, mais aussi de trait d’union.
Sombres, pentus, humides, mais aussi parsemés d’habitats humains, les Vosges sont nos Alpes à nous. Qui dit Montagnes, dit aussi ruralité, éloignement des villes… et présence d’animaux. Ces derniers peuvent être domestiques… Ou sauvages. Ainsi, la ruralité a toujours permis une proximité accrue avec les bêtes, la majorité du temps pacifique… Mais aussi quelquefois plus violente.
Au petit matin du 28 mars 1977, un éleveur de Domèvre sur Durbion près d’Epinal eut la mauvaise surprise de retrouver 7 de ses moutons morts sur son terrain. Anormal ? Non, des attaques semblables se déroulent tous les ans et peuvent être très bien le fait d’un chien errant et de grande taille… Or, ces attaques ne durent guère d’habitude. Cependant… Le rythme des attaques s’accélère et le nombre des animaux tués explose : onze brebis et agneaux le 30 mars à Hadigny-les-Verrières, une biche d’au moins 100kg le 31 mars à Romont et surtout vingt-six brebis le 9 avril à Moriville.
Dès lors, décision est prise de lui faire la guerre : une première battue est décidée dans la grande forêt de Ramberviller, où un chasseur pense la voir, et lui tire dessus sans la toucher. Malheureusement pour les éleveurs Vosgiens, l’animal continue ses méfaits et commence même à s’attaquer à plus gros que lui, en tuant un bœuf… Une génisse et un poulain juste né, le 27 avril à Rehaimcourt. Plusieurs battues sont organisées, avec le concours des militaires, de plusieurs douzaines de chasseurs et de tireurs d’élite, mais toujours, la bête échappe aux balles et à la capture ! Son intelligence épate autant qu’elle fait peur : les Vosgiens sont terrifiés et n’osent plus pénétrer en forêt, puisque ses victimes dans les troupeaux ont déjà dépassé la centaine de têtes de bétail. La psychose collective gagne du terrain, et tous là voient partout.
En mai 1977, l’animal remonte la vallée de la Vologne, sans jamais être inquiété. Se déplaçant toujours plus à l’Est, il arrive avec son sinistre cortège dans les environs de Gérardmer, puis semble se fixer aux alentours de la Bresse. Les Hautes Vosges lui offrent un refuge parfait, inextricable, où les battues ne peuvent déloger la bête. Et là, les massacres de bétail se multiplient. Le 5 octobre, ce sont vingt-et-un moutons, douze brebis, un bélier et huit agneaux sont retrouvés morts. Pire ! Une attaque se déroule en plein jour, puis de nuit sous les yeux éberlués d’un paysan local. Le monstre disparait en novembre 1977, après un dernier épisode - une apothéose sanglante ou plusieurs dizaines de moutons sont tués. La neige fit disparaître le monstre comme il était arrivé : en un claquement de machoir.
L’animal a été vu, et même photographié. Ses empreintes ? relevées ! Elles laissent à penser que la bête des Vosges pèserait environ 60 kilos. Un loup ? Un gros chien ? Un croisement des deux espèces ? Un maître donnant des ordres à sa bête pour se venger d’autres personnes ? Chacune de ces hypothèses fut tour à tour étudiée, sans jamais que la vérité soit faite, et ce, jusqu’à aujourd’hui. Les dernières traces furent observées en février 1978 près de Lispach aux alentours de la Bresse. Un monstre aurait-il hanté les forêts des Vosges ? Le mystère reste entier, mais il est sûr que les médias jouèrent un rôle dans l'intérêt que suscite la bête. Bête, qui couta la vie à plus de 300 têtes de bétail vosgiennes !
Photo : 19 avril 1977. (© Ernest Gless)
Rédaction : Yann Kremer / Présentation : Antoine Krutten
Chronique réalisée par Les Historateurs. Présenté par Antoine, avec la participation de Hamza, Pierre-Edouard, Guillaume, Nicolas G, Nicolas D, Yann et Alexis.
"Les Historateurs" sont nés en décembre 2018 de la passion de 4 personnes pour l'histoire, l'exploration et le patrimoine.
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