Uwe Conradt, le maire de Sarrebruck, répond à nos questions - Partie 1
Pour la première fois, depuis le début de la crise sanitaire, le maire de Sarrebruck, Uwe Conradt, s'exprime dans la presse française.
Par téléphone, nous sommes revenus avec lui sur différents sujets : gestion de la crise, fermeture des frontières, dépistage,... Uwe Conradt a tout évoqué à notre micro.
Sarrebruck face au coronavirus
Son N°1 - Uwe Conradt, le maire de Sarrebruck, répond à nos questions - Partie 1
Comment la pandémie évolue-t-elle à Sarrebruck ? Quelle est la situation à ce jour ?
La pandémie est arrivée à Sarrebruck début mars aussi, et les premiers chiffres concernant le nombre de malades sont tombés le 10 mars. Depuis cette date, nous nous sommes organisés pour travailler sous forme de cellules de crise et nous avons complètement réorganisé le fonctionnement de nos services administratifs. Alors quelques réouvertures se font désormais, petit à petit, parce que nous avons effectivement eu la chance de voir nos hôpitaux résister à la pression des admissions. Beaucoup de gens, de leur côté, ont joué le jeu et ont respecté les gestes barrières. Mais en ce moment, nous travaillons sur l’obligation du port du masque et aujourd’hui même, j’ai lancé une campagne de communication qui s’appelle « Portez un masque ! ».
La Sarre moins touchée que le Grand-Est
Son N°2 - Uwe Conradt, le maire de Sarrebruck, répond à nos questions - Partie 1
Comment expliquez-vous que l’Allemagne, et en l’occurrence la Sarre, maîtrisent mieux cette crise que la France, avec un nombre limité de cas, très peu de morts, et, vous y faisiez allusion à l’instant, pas d’hôpitaux surchargés ?
La première chose que j’aimerais dire parce qu’elle est très importante pour moi, c’est qu’une crise comme celle-ci devrait nous souder et que dans cette situation de crise, le fait que nous soyons voisins, requiert une coopération totale. Et ces dernières semaines, il y a eu de fait, une coopération intense à l’échelle communale, en Sarre et en Moselle, via l’Eurodistrict. Nous avons partagé nos états de situation et nos informations, mais nous avons également admis 15 patients supplémentaires à l’hôpital Winterberg à Sarrebruck et à celui de Völklingen et à ce propos, je veux dire très clairement que le virus ne recule pas devant une frontière.
Son N°3 - Uwe Conradt, le maire de Sarrebruck, répond à nos questions - Partie 1
Mais pourquoi l’Allemagne a-t-elle peut-être été moins impactée par la crise que la France ? Et bien je pense qu’il y a d’abord eu ces endroits dans le sud de l’Alsace, et surtout le cas de cet office religieux à l’origine d’une multitude d’infections. Un autre facteur qui a joué en notre faveur, c’est notre organisation du travail en cellules de crise. Je pense que ce qui fonctionne bien en Allemagne, c’est cette combinaison entre rapidité d’intervention et décentralisation des décisions, c’est d’agir de manière concertée, à la fois rapidement et de façon décentrale.
Le dépistage de la population
Son N°4 - Uwe Conradt, le maire de Sarrebruck, répond à nos questions - Partie 1
La presse française rapporte que l’Allemagne dépiste massivement sa population ; est-ce aussi le cas à Sarrebruck ? Quel pourcentage de la population sarrebruckoise est testé, quel est le nombre actuel de personnes infectées ?
Nous avions ouvert un deuxième centre de dépistage à Sarrebruck fin mars et nous en avions 5 en service au total en Sarre, mais entre temps, nous avons pu en fermer 2 car les besoins sont moins importants. L’avantage de ces centres de dépistage qui fonctionnent selon le principe du drive-in, c’est qu’il y a peu de contacts, et donc de danger, si bien que certains jours, on a pu tester 300 personnes, voire plus. A l’heure actuelle, ces centres sont peu fréquentés et nous pouvons donc mobiliser leurs compétences pour tester tous les résidents des EHPAD et autres foyers d’accueil. Pour la population sarrebruckoise, le nombre actuel de cas, déduction faite des malades guéris, est d’à peu près 650, et pour l’ensemble de la communauté urbaine de Sarrebruck, soit le double de la population, on compte environ 1000 cas.
Le respect des mesures barrières
Son N°5 - Uwe Conradt, le maire de Sarrebruck, répond à nos questions - Partie 1
Vous en parliez tout à l’heure, le déconfinement se met progressivement en place, certains commerces ont rouvert depuis lundi dernier ; comment les consignes de distanciation sont-elles respectées ? Et quelles mesures de déconfinement sommes-nous en droit d’espérer les jours prochains ?
Pour commencer, nous avons informé l’ensemble des commerçants, nous leur avons demandé de bien veiller à ne pas accueillir plus d’un client par 20 m² dans les magasins et à faire respecter les distances aux endroits où se forment des files d’attentes comme les comptoirs charcuterie ou fromagerie, et typiquement où on trouve les produits alimentaires. Nous avons également demandé que des produits désinfectants pour les mains soient mis à disposition et que les caddies soient désinfectés ou encore, que des passages à sens unique soient aménagés dans les magasins. Toutes ces demandes ont été transmises aux commerçants et leur mise en œuvre sera contrôlée par la police municipale. Et je dois dire que les commerçants sont tout à fait prêts à jouer le jeu. Pour ce qui concerne les mesures à venir côté gouvernement sarrois, nous espérons que toute la vie publique retrouvera progressivement et le plus vite possible, ses droits, et j’espère vraiment que l’obligation du port du masque aboutira à la réouverture de l’ensemble des commerces.