Une marche blanche pour Stéphanie, et pour dire STOP aux féminicides
Une centaine de personnes, famille, proches et anonymes était réunie à l’Hôpital pour une marche blanche en hommage à Stéphanie Massonot, retrouvée sans vie le 12 septembre dernier en Sarre. Son ex-compagnon est le principal suspect. Une marche pour dénoncer les féminicides.
Son N°1 - Une marche blanche pour Stéphanie, et pour dire STOP aux féminicides
Une banderole déployée « hommage à Stéphanie » suivie d’un message fort : Stop aux féminicides. Près du cimetière ou est enterrée Stéphanie Massonot à l’Hôpital, une amie Jessica, organisatrice, prend la parole.
Stéphanie est la 65e femme en France, en 2020, morte sous les coups. À ce jour, 90 femmes ont été comptabilisées, un chiffre insoutenable.
Le 12 septembre dernier, cette habitante de Freyming-Merlebach était retrouvée morte en Sarre.
En ce 12 décembre, cette marche était d’autant plus un symbole selon Karine Nicolas, directrice de l’association Lucie contre les violences, et co-organisatrice de la marche.
Elle a plus de résonnance dans le sens où ça fait trois mois que Stéphanie nous a quittés. Donc c’est une date d’anniversaire qui est importante pour ses amis, sa famille, toutes les personnes qui l’ont aimée. On tenait vraiment à organiser cette marche aujourd’hui, en sa mémoire et en la mémoire de toutes celles qui ont été victimes de féminicides.
Vêtus d’un tee-shirt à l’effigie de cette mère de famille, les proches de Stéphanie mais aussi des anonymes parcourent la commune sous les yeux de quelques passants et d'habitants à leurs fenêtres.
Quarante-trois roses blanches déposées
Dans la foule, ses deux enfants, Luc et Laurie sont présents. Pour cette dernière, cette marche blanche était aussi un moyen de mettre la lumière sur les violences.
J’attendais vraiment cette journée. J’avais un petit peu peur d’un côté parceque je me suis dit peut-être que les gens ne vont pas venir. Le fait de se rassembler comme ça avec la situation actuelle… mais en fait il y a énormément de monde. Ça me touche beaucoup en fait. Ce sont des histoires qui commencent vraiment à faire parler d’elles et les gens se rendent compte vraiment que les féminicides sont assez courants dans notre société actuelle et qu’il faut réagir.
Arrêté deux jours après la découverte du corps de Stéphanie Massonot dans une forêt d’Überherrn, l’ex-compagnon de cette quadragénaire était devenu le principal suspect dans l’affaire. Selon le Républicain Lorrain, s'il avait demandé une remise en liberté, il est finalement toujours en détention provisoire.
Selon Laurie, le procès aura lieu d’ici 2 à 3 ans. Une attente difficile.
L’attente c’est vraiment ce qu’il y a de pire parqu’en fait on fait notre deuil une première fois mais quand tout va remonter à la surface lors du procès dans trois ans je pense que ce sera très dur et on aura un deuxième deuil à encaisser.
Durant la marche, 43 roses blanches ont été déposées sur la tombe de Stéphanie Massonot. Elle avait 43 ans.
Karine Nicolas : "J'entendais le mari qui hurlait derrière"
Il y a quelques semaines, nous rencontrions Karine Nicolas pour évoquer les actions de l'association Lucie pour accompagner les femmes victimes de violences. Selon la fondatrice de l'association, les appels au secours sont toujours plus nombreux et parfois anonymes :
Les appels sont de plus en plus importants. Les dénonciations de plus en plus fréquentes, malheureusement des personnes qui n'osent pas non plus dévoiler leur identité. Donc malheureusement elles vont rester dans l'anonymat de leur appel et on ressent même à travers le téléphone un climat de violence extrême, ce qui me révolte et ce qui me tue car on se retrouve face à une impuissance totale.
Donc ce sont des personnes qui vont m'appeler en anonyme, donc des appels masqués.
Il y en a eu quelques-uns quand même et un qui m'a particulièrement choquée. Et cette femme me criait sa détresse, un appel au secours mais elle ne voulait pas dévoiler son identité. Et elle a été obligée de raccrocher très vite car j'entendais le mari qui hurlait derrière. Elle m'a dit "je raccroche, je ne veux plus vous parler je raccroche". Ce sont des femmes qui reprennent contact par la suite. Je pense qu'il y a une relation de confiance qui doit s'établir pour qu'on arrive enfin à avoir l'identité de ces personnes. Car sans leur identité on ne peut absolument rien faire et ne pas les aider.
Karine Nicolas rappelle que les prénoms et noms des personnes contactant l'association seront gardés secrets. En cas de besoin, il est possible de contacter l'association Lucie au : 06.15.23.41.83