Le travail en détention pour une meilleure réinsertion
Ce mardi 9 février, le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti et Brigitte Klinkert, ministre déléguée chargée de l’insertion, se sont rendus au centre de détention d’Oermingen pour lancer leur « Tour de France de l’IAE en détention ». L’objectif du gouvernement, déployer l’insertion par l’activité économique (IAE) pour développer l’activité professionnelle en prison et la réinsertion des personnes détenues.
Son N°1 - Le travail en détention pour une meilleure réinsertion
Déployer l’IAE en détention, un enjeu prioritaire
Bleu de travail sur le dos et ponceuse dans les mains, on pourrait se croire dans une menuiserie, mais nous sommes bien au centre de détention d’Oermingen et ce sont des détenus qui présentent leur travail au ministre de la Justice.
Dans cet atelier, les détenus restaurent des meubles pour Emmaüs. Depuis 2016, Oermingen fait partie des sept structures d’insertion en prison, en France.
Un des membres d’Emmaüs m’a dit tout à l’heure "vous voyez le monsieur le ministre, ici, on restaure des meubles, mais on restaure aussi des hommes" et c’est ça le sens de ce travail. La prison, c’est évidemment la punition, mais c’est aussi la réinsertion. La réinsertion, elle est importante pour les hommes qui sont ici, privés momentanément de leur liberté, mais elle est importante pour nous tous parce que ces hommes ont vocation un jour à sortir de ces murs et on a tout intérêt collectivement à ce qu’ils sortent avec une formation professionnelle ce qui est le cas ici et un suivi également une fois sorti.
À Oermingen, 80% des détenus travaillent. Dans les ateliers Emmaüs, mais pas uniquement. Six entreprises, dont la plupart sont locales, travaillent en partenariat avec le centre de détention. Régis Schmitt est le directeur des ateliers.
Le fait de travailler, ça leur permet à la fois de payer leur partie civile, d’avoir un pécule à la sortie parce qu’il y a une partie qui est capitalisée qu’on leur donne quand ils sortent mais aussi de profiter de ce qu’on appelle les cantines en prison, c’est un catalogue avec une liste de produits qu’ils peuvent acheter.
Outre l’aspect financier, ces ateliers ont pour vocation d’inculquer le sens du travail aux détenus.
Quand ils passent la porte de la zone industrielle en haut, pour nous, ils deviennent des travailleurs. On leur fait confiance, on leur donne accès à des outils qui peuvent être dangereux potentiellement. Pour nous, c’est vraiment un travailleur comme un autre.
Une occupation pour certains, une révélation pour d’autres
Mickaël a 31 ans. Ça fait 4 ans qu’il est en détention à Oermingen.
Principalement, je travaille chez Brennenstuhl, dans l’étiquetage. Avant d’être en prison, j’étais électromécanicien ce qui fait que quand il y a des enrouleurs qui sont cassés ou une machine cassée, on m’envoie la réparer.
Pour lui, ce travail est surtout un moyen de s’occuper.
C’est pour casser la routine. Ça permet aussi d’avoir un petit pécule pour pouvoir cantiner. Sinon, ce n’est pas forcément ici qu’on va s’épanouir. C’est du travail d’usine, c’est carcéral, ce n’est pas comme à l’extérieur.
Pour d’autres, le travail en détention est une révélation. Dylan a 25 ans et il a intégré la boulangerie du centre de détention.
J’aimerais bien en faire mon métier.
Un objectif atteignable selon son formateur Benjamin Crozet.
D’ici là, il y a encore des connaissances à apprendre, du savoir-faire, mais il peut tout à fait travailler dans une boulangerie à l’extérieur. Je crois même qu’il a en projet d’ouvrir sa propre boulangerie un jour…
Dylan : mais ça, je n’en parle pas trop parce que c’est top secret !
Dylan pourra, s’il le souhaite passer son CAP pendant sa période d’incarcération. Depuis un mois, 4 détenus suivent le CAP boulangerie avec des cours le matin et de la pratique l’après-midi. Autant de dispositifs mis en place pour que les détenus puissent penser à « l’après ».