Farébersviller/Forbach : Joseph Parlagreco veut aider les jeunes comme on l'a aidé
La vie, c'est comme un match de boxe, on prend des coups, mais il faut se relever pour gagner le combat.
Cette définition pourrait être celle de Joseph Parlagreco, chef d’établissement de l’ensemble scolaire Antoine Gapp à Forbach. Son poste pourrait laisser croire à un parcours de vie plutôt facile. Il n'en est rien. L'homme de 53 ans a accepté de nous raconter ses embûches et comment il a réussi à s'en sortir.
Les difficultés scolaires
Joseph Parlagreco n'est pas parti de la même ligne de départ que les autres enfants. Fils de parents immigrés, illettrés, la langue française a été longtemps pour lui un handicap.
Souvent moqué par ses camarades, il a aussi subi l'humiliation d'être le dernier de la classe.
Son N°1 - Farébersviller/Forbach : Joseph Parlagreco veut aider les jeunes comme on l'a aidé
Quand j'étais petit, en primaire, j'avais ce que l'on appelait le bonnet d'âne en classe. Je me suis efforcé à bien apprendre mes leçons pour ne plus l'avoir et je suis passé avant-dernier. C'était déjà en soi, à l'époque, une gloire pour moi.
Les difficultés dans les matières littéraires se sont poursuivies au collège mais le jeune farébersvillois pouvait s'accrocher aux mathématiques. Dans cette discipline, il avait la chance d'être en avance sur les autres. Sauf qu'en grandissant dans une cité, Joseph a appris les codes de la cité, et comme ses copains, en 5ème, c'est vers un CAP qu'il voulait se tourner. Mais c'est son enseignante de français qui l'a poussé à poursuivre ses études.
Son N°2 - Farébersviller/Forbach : Joseph Parlagreco veut aider les jeunes comme on l'a aidé
Je demandais moi, un CAP chaudronnerie au lycée professionnel Hurlevent à Behren, et cette professeure ne s'est pas découragée, est allée voir mon entraineur de judo de Farébersviller à l'époque.
A eux deux, ils ont pu le convaincre de passer les tests de la nouvelle section sportive judo au collège à Petite-Rosselle. Mais pour Joseph, c'est un nouveau monde qui s'ouvrait à lui.
Son N°3 - Farébersviller/Forbach : Joseph Parlagreco veut aider les jeunes comme on l'a aidé
Je rentre dans une 4ème générale, dans une petite ville minière, mais avec des codes que je n'avais pas puisque je ne connaissais que les codes de la cité. C'était très difficile pour moi au départ de m'adapter mais j'ai réussi grâce aussi à mon entraineur/professeur de sport qui a cru en moi.
Là encore, son professeur l'a poussé à rejoindre le Pôle France de Judo à Strasbourg pour le lycée. Si le judo lui a transmis de nombreuses valeurs, sa jeune carrière s'est brutalement arrêtée suite à deux ruptures des ligaments croisés.
Une famille soudée
Si Joseph n'a pas lâché, c'est grâce à l'amour de ses parents qui l'ont toujours soutenu, tout comme le reste de la famille. On lui a souvent dit "T'es capable de".
Son N°4 - Farébersviller/Forbach : Joseph Parlagreco veut aider les jeunes comme on l'a aidé
T'es quelqu'un de différent, t'as une intelligence qui est autre que les autres petits neveux de la famille et on sait tous que tu deviendras quelqu'un. Quand ils me disaient ça, j'avais 5 ans.
Néanmoins, à 17 ans, la vie de Joseph bascule à nouveau. Son père décède brutalement et sa disparition va le sonner.
Son N°5 - Farébersviller/Forbach : Joseph Parlagreco veut aider les jeunes comme on l'a aidé
La vie familiale devient très compliquée, je n'avais plus goût à l'école, je n'avais plus goût au sport. La cité a repris le dessus sur moi à l'époque et je commençais à basculer dans la délinquance.
Malgré cette période difficile, l'adolescent va reprendre sa vie en main pour aider sa famille.
Son N°7 - Farébersviller/Forbach : Joseph Parlagreco veut aider les jeunes comme on l'a aidé
Entendre sa maman pleurer toutes les nuits c'est compliqué, je me suis donc juré de faire les efforts nécessaires pour m'en sortir, j'ai passé mon bac et ensuite je suis parti travailler puisque soutien de famille de 18 à 23 ans et j'ai ensuite repris mes études à 23 ans.
Construire sa carrière professionnelle
A 23 ans, Joseph décide de reprendre ses études à l'université tout en travaillant à côté pour subvenir à ses besoins. Souvent absent en cours pour gagner de l'argent, Joseph rattrape son retard la nuit et arrive à obtenir ses diplômes. Et ce sont les maths, sa matière d'excellence depuis tout petit, qui l'ont sauvé. Joseph est devenu professeur de mathématiques en 1995 avant de devenir chef d'établissement en 2004. Aujourd'hui, il veut à son tour aider les jeunes comme on l'a aidé.
Son N°7 - Farébersviller/Forbach : Joseph Parlagreco veut aider les jeunes comme on l'a aidé
Pour moi, c'est un besoin viscéral aujourd'hui de pouvoir transmettre et c'est une volonté, un courage que j'essaye de partager avec tous ces jeunes en devenir, qui ont un parcours de vie difficile, parfois beaucoup plus difficile que le mien, et on se doit de les écouter, on se doit de les accompagner, et on se doit de leur donner confiance.
Si Joseph Parlagreco a réussi à ne pas sombrer c'est grâce à des personnes qui ont cru en lui malgré ses difficultés. Mais c'est aussi par son courage et sa volonté qu'il en est là aujourd'hui.