Pollution de l'air : 3 900 décès pourraient être évités chaque année dans le Grand Est

L’agence nationale de santé publique tire la sonnette d’alarme. Des milliers de décès pourraient être évités chaque année si les niveaux de pollution respectaient les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé. Une étude a été menée à ce sujet, corroborée par les relevés d’Atmo Grand-Est.
Son N°1 - Pollution de l'air : 3 900 décès pourraient être évités chaque année dans le Grand Est
Etienne Koszul – directeur général ATMO Grand Est
Comment a été menée cette étude ? Comment mesure-t-on l’effet de la pollution sur l’Homme ?
Alors en fait, c’est tout une série de calculs qui prennent en compte la qualité de l’air en elle-même, qui est mesurée par les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air telle que Atmo Grand-Est, l’exposition des populations, savoir combien de personnes sont exposées à quelle quantité de polluants, et ensuite, on a des facteurs définis par la recherche qui permettent de calculer le risque qu’on a de développer telle ou telle maladie en fonction de son exposition. Grossièrement, c’est cette méthodologie qui est adoptée.
Quelles sont les conclusions de cette étude ?
C’est une étude qui est très intéressante, parce que c’est, à mon sens, la première fois qu’on l’a fait à une échelle aussi large, et sur la question des maladies. Jusqu’à maintenant, on s’intéressait et on était en capacité de calculer les décès liés à la pollution de l’air, ce qui est déjà énorme. On parle de 40 000 décès par an à l’échelle nationale, et 4 000 à l’échelle de la région.
Là, ce qui est intéressant, c’est qu’on s’intéresse à l’impact en termes de maladie sur les maladies cardiovasculaires et respiratoires, type AVC, infarctus, cancer du poumon, bronchite chronique et asthme. Les résultats sont très éclairants, parce que souvent cette partie santé/maladie, c’est la partie immergée de l’iceberg, on voit les décès tout en haut, mais en-dessous il y a beaucoup de gens qui vivent au quotidien avec des maladies qui peuvent être graves. On voit donc l’impact sanitaire très important de la qualité de l’air sur ces maladies. Par exemple, pour ce qui est de l’asthme, les enfants de 0 à 17 ans, presque 1 cas sur 5 pourrait être évité si la qualité de l’air respectait les seuils sanitaires définis par l’Organisation Mondiale de la Santé.
Autrement, on tourne autour de 8 à 10% des cas sur les autres maladies. On parle quand même de 1 cas sur 10 ou sur 12, ce qui reste très significatif comme impact sur la santé publique.
Aujourd’hui à quoi est due cette pollution ? Est-ce que notre air est plus polluée ?
En fait, ça dépend ce qu’on regarde. C’est vrai que la qualité de l’air s’améliore. Là, on regarde les dioxydes d’azote et les particules fines PM25, qui sont les petites particules qui peuvent pénétrer dans les poumons. Après, il y a d’autres polluants qui ne peuvent pas être regardés parce qu’on n’a pas forcément les moyens, mais sur ces deux polluants-là, qui sont des grands marqueurs de la qualité de l’air, la qualité s’améliore depuis 20 ans, on a divisé par deux les niveaux de pollution.
Mais là, ce que regarde cette étude, malgré cette amélioration de long terme qui est le fruit des actions des pouvoirs publics et des acteurs privés, là on se compare à des situations actuelles par rapport à des seuils définis par l’OMS en 2021, c’est-à-dire qu’on se compare à la situation idéale sur le plan sanitaire, et on voit que malgré tous les efforts qui ont été réalisés et les résultats qui ont été obtenus, on a un vrai enjeu devant nous en termes d’amélioration et d’impact sur la santé publique.
Est-ce que dans le Grand-Est nous sommes mieux lotis que le reste de la France sur la qualité de l’air ?
On fait partie malheureusement du Top 5 des régions qui sont plutôt impactées, mais c’est assez logique du fait de la taille de notre région, tant sur le plan urbain avec de grandes zones urbaines, tant sur le plan industriel. Il y a tout une série d’impacts liés à nos activités, mais aussi à la densité de la population.