Caritas Alsace alerte sur l'augmentation de la pauvreté et de la précarité
La pauvreté s'accentue et s'installe durablement en Alsace. C'est ce qui ressort du dernier rapport préoccupant de Caritas. On en parlait ce matin dans le Grand Réveil avec notre invité.
Son N°1 - Caritas Alsace alerte sur l'augmentation de la pauvreté et de la précarité
Louis-Marie Perrin - Directeur de Caritas Alsace
Dans le dernier rapport sur la pauvreté publié par Caritas Alsace, le constat est terrible, 50% de bénéficiaires en plus en un an. Est-ce que vous pouvez nous détailler les chiffres de ce dernier bilan ?
En effet, les chiffres sont éloquents et alarmants. On a, l'année dernière, une augmentation des foyers accueillis, une augmentation aussi du volume d'aide. On a 936 tonnes alimentaires qui ont été distribuées, plus de 35 000 petits-déjeuners à Strasbourg. Ce sont des chiffres qui sont énormes. Cela s'explique par une hausse de la précarité due à des crises successives, Covid, crise de l'inflation, guerre internationale et donc difficulté pour de plus en plus de gens à finir les fins de mois.
Est-ce qu'il y a des publics plus impactés ? Par exemple, vous parlez de Strasbourg, est-ce qu'en ville, on trouve plus de pauvreté qu'en campagne ?
Cela touche à peu près tout le monde. Ville ou campagne, malheureusement, la précarité touche tout le monde. Ce sont des précarités différentes. En campagne, on a souvent plus de difficultés liées aux mobilités, au coût de l'essence des voitures et au coût de l'énergie pour chauffer les maisons. Ce sont des choses assez classiques en campagne. En ville, on a une précarité qui est plus liée à une précarité avec des sans domiciles fixes, avec des enjeux aussi de migration un peu et puis une population qui s'appauvrit aussi par manque de travail ou par difficulté à trouver des situations stables.
"De plus en plus de familles avec enfants"
Est-ce que ça va être plutôt des familles, des femmes, des travailleurs précaires ?
Ça, c'est une nouveauté. C'est une tendance qui, malheureusement, se développe de plus en plus de familles avec enfants. D'ailleurs, on le dit dans la presse régulièrement. Il y a des articles souvent sur ces sujets avec des familles et des enfants qui dorment dehors, même si les enfants sont scolarisés. C'est de plus en plus courant. Je crois qu'il y a une quarantaine d'enfants autour de Strasbourg. Là aussi, on essaie d'être au service et d'être au rendez-vous pour pallier ces difficultés parce que ce sont des situations de la vie qui sont intenables.
Est-ce qu'on arrive à expliquer ce rebond en 2024 ?
Souvent, c'est le coût de la vie. Après, il y a des nouveautés, c'est aussi une précarisation des personnes qui sont au travail. Il y a de plus en plus d'emplois précaires, d'emplois qui finalement sont des mi-temps ou des tiers-temps, qui permettent aux gens de sortir un tout petit peu de la galère, mais pas complètement, et donc qui ont encore besoin d'aide. Il y a aussi pour des personnes qui sont payées au SMIC, qui ont des enfants et des charges un peu importantes. Tout de suite, ça devient intenable.
Justement, vous, des organismes comme Caritas Alsace, vous agissez, en tout cas vous essayez. Qu'est-ce que vous mettez en place ? Est-ce que vous avez suffisamment de moyens aujourd'hui pour agir ?
Les moyens, on n'en a jamais suffisamment. Si j'avais le double de budget, je ferais deux fois plus d'actions. On essaie d'être au rendez-vous, on a une douzaine d'épiceries solidaires à travers l'Alsace, trois grosses permanences, une à Mulhouse, une à Colmar et une à Strasbourg, 80 dispositifs à travers l'ensemble de l'Alsace. On essaie d'être partout et efficaces partout, surtout. Et les moyens, on les cherche partout. C'est un appel que je lance ce matin à plus de donateurs. On n'est pas obligés de donner des gros montants. 5 euros par mois, c'est déjà énorme pour nous. Donc ça, c'est des choses dont on a besoin. Et puis, on cherche aussi des partenaires dans le monde de l'entreprise et dans le monde associatif parce qu'on croit, nous, à Caritas Alsace, que c'est unis qu'on est plus fort. Donc là aussi, c'est un appel à toute personne de bonne volonté à prendre contact avec nous via le site internet caritas-alsace.org ou en se rendant sur une de nos permanences vous serez toujours accueillis les bras grands ouverts.
La précarité en chiffres en Alsace :
• 35 000 personnes accueillies
• +50 % de foyers accompagnés en un an (13 109 en 2023 à plus de 20 000 en 2024)
• 936 tonnes d’aide alimentaire distribuées (786 tonnes en 2023)
• 95 % des ménages accueillis sous le seuil de pauvreté
• 2 300 familles accueillies dans 13 épiceries sociales


